Bure : la résistance s’installe
Dans la Meuse, les opposants au projet d’enfouissement de milliers de fûts radioactifs par l’Andra multiplient les implantations, six mois après la réoccupation du bois Lejuc.
dans l’hebdo N° 1440 Acheter ce numéro

Le tour du bois a pris des allures de balade paléontologique. Sur le sol, un millier d’éléments de béton renversés font surgir le profil d’une imposante colonne vertébrale serpentant le long des arbres sur un bon kilomètre. Ce sont les vestiges du mur que l’Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra) a tenté d’ériger l’été dernier pour clôturer le bois Lejuc. Cette parcelle de 220 hectares, supposée recevoir certaines installations du gigantesque centre d’enfouissement de déchets des centrales françaises (Cigéo) en préparation autour du village de Bure (Meuse), est ardemment défendue depuis des mois par des opposants à la construction de cette « poubelle nucléaire ».
Le 1er août dernier, le tribunal de grande instance de Bar-le-Duc donnait raison à l’une de leurs plaintes en suspendant l’érection du mur pour cause d’illégalité des opérations de défrichement. Deux semaines après, quelque cinq cents militants venus de Lorraine et d’ailleurs envahissaient les lieux pour mettre à bas l’ouvrage, prévu pour les tenir à distance. « Nous abattons des murs, ils abattent des forêts », « Le casseur, c’est peut-être ta sœur »… Les vertèbres de béton ont été recouvertes de slogans rigolards, poétiques, revendicateurs ou hostiles. La métaphore du monstre antédiluvien fossilisé saute aux yeux, comme une mise en scène de l’échec de la puissante Andra – « Un jour, tu exploseras. » Sylvain tient à le souligner : « C’est l’un des rares succès enregistrés en France contre le nucléaire. »
Les militants, chassés du bois par l’intervention des gendarmes mobiles en juillet dernier après une première tentative d’occupation du bois, ont réinvesti les lieux encore plus nombreux au cours de l’été. De nouvelles cabanes ont poussé, installées de préférence dans de hauts fûts reliés entre eux par des ponts de singe. « La mobilité, c’est une des clés de la résistance », commente Alex, charpentier de formation qui a quitté sa Bretagne pour rejoindre une lutte « concrète, jeune, utile ». Baudriers et cordages à l’épaule, son petit
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