Assistants FN : un préjudice estimé à 5 millions d’euros
Le Parlement européen revoit à la hausse le coût des emplois d’assistants parlementaires détournés de leur objet par le parti de Marine Le Pen.

Pendant que Marine Le Pen s’offrait une virée en mer, en quête de belles images complaisamment relayées par le journaliste de France 2 et BFMTV, on apprenait ce matin que le Parlement européen évalue désormais à près de 5 millions d’euros son préjudice potentiel pour les salaires qui auraient été versés frauduleusement à des assistants d’eurodéputés FN entre 2012 et 2017. Cette estimation, 4 978 122 euros au 21 avril, figure dans une note de l’avocat du Parlement européen, Patrick Maisonneuve, adressée aux juges d’instruction chargés d’une enquête sur des soupçons d’emplois fictifs, indique l’AFP qui la tient de sources proches du dossier. Après la découverte d’« éléments nouveaux » ces derniers mois, il s’agit d’une « mise à jour » qui peut encore évoluer, a précisé l’une des sources. Une précédente estimation du Parlement, en septembre 2015, évaluait ce préjudice potentiel à 1,9 million d’euros.
Dix-sept députés européens du Front national sont visés dans la note transmise cette semaine. Parfois pour plusieurs assistants. Figurent parmi eux la candidate du parti d’extrême droite à la présidentielle Marine Le Pen, son père Jean-Marie Le Pen, Louis Aliot ou encore Florian Philippot. Autant de cas que l’enquête judiciaire en France, dans laquelle le Parlement européen est partie civile, devra confirmer.
Le Parlement européen a déjà lancé des procédures de recouvrement pour un total de 1,1 million d’euros concernant six eurodéputés, dont Marine Le Pen (340 000 euros) qui refuse de payer. Ces procédures sont contestées par les élus frontistes devant les tribunaux européens.
Dans l’enquête instruite à Paris, les juges cherchent à déterminer si le parti a mis en place un système pour rémunérer ses permanents ou des cadres avec des fonds publics du Parlement européen, en les faisant rémunérer comme assistants de ses eurodéputés. Fin février, le journal Le Monde révélait que la police avait _« saisi [au siège du FN] un document qui pourrait se révéler très compromettant », à savoir « une note retrouvée dans l’ordinateur du trésorier », « qui laisse penser qu’un véritable système de financement du parti via le Parlement européen et les assistants parlementaires a été pensé en amont, et en haut lieu, pour faire supporter intentionnellement à l’Union européenne ses dépenses ». L’existence d’une telle note est contestée par son auteur, Wallerand de Saint-Just, qui dit avoir déposé plainte.
Les juges ont déjà mis en examen deux assistants, dont la cheffe de cabinet de Marine Le Pen au FN, Catherine Griset, pour recel d’abus de confiance. Ils ont également demandé au Parlement européen de lever l’immunité de Marine Le Pen après que celle-ci a refusé de se rendre à une convocation en vue de sa possible mise en examen pour abus de confiance le 10 mars, au sujet des salaires versés à sa cheffe de cabinet.
À lire aussi >> Marine Le Pen va-t-elle (enfin) répondre aux juges ?
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