Iran : Rohani réélu au premier tour

La réélection du candidat réputé modéré est une victoire des villes et d’une jeunesse occidentalisée.

Denis Sieffert  • 21 mai 2017
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Iran : Rohani réélu au premier tour
© Photo : Majid Saeedi / GETTY IMAGES EUROPE / Getty Images/AFP

On s’attendait à un résultat beaucoup plus serré. Finalement, le Président sortant, Hassan Rohani, a été réélu haut la main dès le premier tour de l’élection présidentielle du 19 mai. Il a recueilli 57 % des suffrages, contre 38 % à son rival conservateur Ebrahim Raissi. Un résultat d’autant plus probant que la participation a été élevée (73 % soit 4,2 millions de voix).

Rohani est conforté dans sa politique d’ouverture vers l’Occident qui s’est concrétisée par l’accord sur le dossier nucléaire. Mais ce résultat inespéré n’est pas un blanc-seing pour le vainqueur. Ce n’est sûrement pas son bilan économique qui lui a donné la victoire. Sur ce plan, les Iraniens ont été déçus par l’accord nucléaire qui ne leur pas apporté le profit économique et social que Rohani leur avait promis. Cela, en grande partie parce que les Occidentaux ont tardé à lever les sanctions.

C’est donc vraiment le profil des deux candidats qui a fait la différence. En tant que procureur, Raissi a prononcé un grand nombre de condamnation à mort d’opposants, notamment en 1988. Il incarne un pouvoir religieux rétrograde et répressif, proche des Gardiens de la révolution. Une majorité d’électeurs, sans doute jeune et citadins, n’ont pas voulu avec lui d’un retour en arrière. Un vote décisif dans un pays urbanisé à 75 %. La nette victoire de Rohani est aussi, tacitement, un désaveu du Guide Ali Khamenei, qui avait nettement marqué sa préférence pour Raissi dont il voulait faire son successeur.

La position de Rohani reste toutefois très dépendante des Occidentaux, et particulièrement des États-Unis. Le changement de pied américain avec l’élection de Trump a donc de quoi l’inquiéter. Sans compter que l’engagement iranien au côté du régime d’Assad en Syrie, que Rohani ne remet absolument pas en cause, constitue aussi un frein à la réintégration de l’Iran dans le concert international, aussi bien diplomatique qu’économique.

Monde
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