États-Unis : le monde de la recherche réagit à la censure de Trump

Les chercheurs américains tentent d’alerter leurs collègues du monde entier sur les menaces qui pèsent sur leurs données et leurs travaux.

Claude-Marie Vadrot  • 17 juillet 2017 abonné·es
États-Unis : le monde de la recherche réagit à la censure de Trump
© Photo : IAN LANGSDON / POOL / AFP

Les services du programme américain de surveillance de la planète (US Geological Survey Program) viennent d’informer les plus importants scientifiques du monde, notamment ceux chargés des questions climatiques, que leurs nombreuses données sensibles pourraient disparaître. Donald Trump poursuit en effet sa remise en cause de la recherche scientifique et tente d’éradiquer les informations qui gênent le pouvoir américain.

Dans un message expédié il y a quelques jours à 500 centres de recherche, Debra Willard, coordinateur du US Geological Survey, informe ses correspondants à travers le monde que des mesures politiques et financières sont sur le point « de réduire ou d’éliminer les possibilités d’accès aux données et à la collaboration entre notre organisme et les autres agences ainsi que les universités ».

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Les mesures annoncées menacent une quarantaine de programmes concernant la progression et les impacts du changement climatique et notamment leurs effets sur l’évolution des usages agricoles des terres cultivables. Peter Frumhoff, directeur de l’association Union of Concerned Scientists, explique que les recherches visées par cette nouvelle censure _« fournissent d’importantes informations pour annoncer et prévenir des catastrophes naturelles comme les inondations, les glissements de terrain et les incendies de forêts ».

Ne pas devenir aveugle

Ce scientifique ajoute que « ces données permettent aussi de repérer les épisodes pluvieux exceptionnels. Nous ne pouvons pas accepter de devenir aveugles aux événements extrêmes. Prendre en permanence, et en temps réel, le pouls des ressources de la planète dans une période d’instabilité climatique nous donne les données de base nécessaires pour protéger la communauté humaine, aux États-Unis comme dans le reste du monde. De plus le projet de l’administration américaine risque de remettre en cause la réputation des scientifiques des États-Unis ».

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Le professeur Nicholas Arndt, spécialiste en sciences de la terre de l’université de Grenoble, explique que tous les programmes de recherche de la communauté internationale, notamment ceux portant sur les tremblements de terre, les ressources naturelles et les travaux concernant les ressources en eau seraient gravement affectés. Les suppressions de l’accessibilité aux données fournies par les États-Unis auraient un grave impact sur le destin de notre planète.

Les politiciens sont si lents…

De nombreux scientifiques américains et leurs correspondants qui ont déjà réagi à ce projet de l’administration américaine. Ils soulignent à longueur de textes et de messages à quel point ils sont abasourdis par les intentions affichées par l’équipe de Donald Trump. Par exemple, le professeur Alistair Jump, spécialiste de l’écologie forestière à l’université de Stirling en Ecosse, a répondu à ses collègues des États-Unis ainsi : « Ce qui me frappe c’est à quel point les humains peuvent rapidement modifier le fonctionnement de nos écosystèmes et de nos paysages alors que les politiques sont si lents à en comprendre les conséquences et leurs implications. Ils pensent que les forêts sont un acquis éternel alors qu’elles changent rapidement aux dépens des hommes. »

En expliquant à son nouvel ami Macron qu’il allait « faire quelque chose à propos du climat », Donald Trump devait penser qu’il suffit de casser le thermomètre pour faire baisser la température de la Terre.

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