Le gouvernement méprise (encore un peu plus) les fonctionnaires

Le ministre de tutelle de la Fonction publique Gérald Darmanin a exclu, hier, toute possibilité de réévaluer le pouvoir d’achat des fonctionnaires, lors d’une entrevue tendue avec tous les syndicats, une semaine après la mobilisation des agents du 10 octobre.

Olivier Doubre  • 17 octobre 2017
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Le gouvernement méprise (encore un peu plus) les fonctionnaires
© photo : ALAIN JOCARD / AFP

Confirmation du gel du point d’indice et du rétablissement du jour de carence lors d’un arrêt maladie, mais aussi report d’un an du plan de revalorisation des carrières initié sous François Hollande. C’est ce qu’a annoncé Gérald Darmanin (ex-LR), ministre de l’Action et des Comptes publics, aux syndicats de fonctionnaires lors d’un rendez-vous « salarial » lundi 16 octobre. Furieuses, toutes les organisations syndicales, qui avaient manifesté pour la première fois depuis longtemps dans la plus parfaite unité le 10 octobre dernier, ont dénoncé l’absence de mesures en faveur du pouvoir d’achat des agents publics, bloqué depuis des années. Les syndicats, déjà vent debout contre la hausse de la CSG, ont déclaré réfléchir désormais aux modes d’actions à venir, ulcérés par l’absence de toute proposition générale de la part du ministre, en dehors de l’évocation de possibilités de primes au cas par cas.

À lire aussi >> Paris : ils ont manifesté pour « défendre le service public »

La veille, sur TF1, le président de la République avait pourtant assuré, sans être contredit le moins du monde, que « tous les actifs » allaient avoir « du gain de pouvoir d’achat, parce qu’ils travaillent ». Faut-il comprendre que pour Emmanuel Macron les fonctionnaires ne sont pas des « actifs » mais des inactifs ?

L’entrevue d’hier avec le ministre, visiblement inutile, a eu lieu dans un contexte déjà tendu puisque les agents de l’État avaient appris le vendredi précédent, par une déclaration du Premier ministre Édouard Philippe, la création d’un comité pour « transformer l’administration » et « améliorer la qualité des services publics ». Or parmi ses 24 membres, pas un fonctionnaire ni un syndicaliste (en dehors d’une ancienne adhérente de la CFDT il y a bien longtemps), mais des politiques, des chefs d’entreprise et des cadres dirigeants de grandes sociétés du privé. À leur tête, le PDG de Safran, accompagné de l’ex-directrice de cabinet de Manuel Valls à Matignon, aujourd’hui cadre dirigeante de Nexity, ou le directeur de Sciences-Po Paris. Des « experts » de la fonction publique et, à coup sûr, des amoureux du service public…

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