Neurosciences dans l’Éducation nationale : le Snuipp-FSU lance l’alerte

Le principale syndicat du primaire craint que les sciences cognitives ne deviennent l’unique boussole du gouvernement en matière scolaire, suite à la création d’un Conseil scientifique de l’éducation nationale dirigé par le psychologue Stanislas Dehaene.

Politis.fr  et  AFP  • 27 novembre 2017
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Neurosciences dans l’Éducation nationale : le Snuipp-FSU lance l’alerte
© photo : REMY GABALDA / AFP

Les neurosciences vont-elles devenir hégémoniques dans la recherche mise en œuvre en matière éducative ? Le principal syndicat du primaire, le Snuipp-FSU, rejoint par une cinquantaine de chercheurs – parmi lesquels le neuropsychiatre Boris Cyrulnik, l’historien de l’éducation Claude Lelièvre, le géographe et ancien président du Conseil supérieur des programmes Michel Lussault, ou encore le professeur en sciences de l’éducation Philippe Meirieu –, s’inquiète de ce risque dans un appel, après l’annonce la semaine dernière par Jean-Michel Blanquer de la création d’un Conseil scientifique de l’éducation nationale dirigé par le professeur de psychologie cognitive Stanislas Dehaene.

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« Dans le dialogue permanent que l’école doit entretenir avec la recherche, aucune discipline ne peut légitimement s’imposer aux autres et aucune ne doit être ignorée », écrit le syndicat dans un appel signé par 56 chercheurs, où l’on peut également lire :

Toutes les recherches et tous les mouvements pédagogiques, qui prennent l’école et les apprentissages pour objet, concourent à la constitution d’un corpus de connaissances en perpétuel développement.

Il ne s’agit donc pas d’appeler à proscrire les sciences cognitives du champ éducatif mais d’alerter sur « la prédominance des neurosciences dans l’approche gouvernementale de l’école », Un risque que font planer notamment le nouveau Conseil scientifique de l’éducation nationale et son patron Stanislas Dehaene.

Jean-Michel Blanquer s’était déjà à de nombreuses reprises prononcé en faveur des neurosciences pour modifier les méthodes d’enseignement ou les programmes. Il les a par exemple mentionnées lorsqu’il a préconisé la méthode de lecture dite « syllabique », ou la maîtrise des quatre opérations au CP et au CE1.

Le ministre a détaillé à l’hebdomadaire Le Point de la semaine dernière les objectifs du Conseil scientifique de l’éducation :

Il s’agit de pouvoir consulter des scientifiques de différentes disciplines, notamment dans les sciences cognitives, afin d’avoir une vision fondée des politiques publiques.

Il faut, selon lui, « que les débats soient davantage argumentés et appuyés sur ce qui est prouvé et ce qui marche à la lumière des sciences ». Il y a là de quoi faire craindre aux syndicats une approche partielle et partiale.

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