Mathieu Gallet : Partira ? Partira pas ?
Après avoir été condamné à un an de prison avec sursis, le patron de Radio France est poussé vers la sortie par la ministre de la Culture, Françoise Nyssen.
La peine est moins lourde que ne le demandait le réquisitoire, mais les conséquences restent importantes. Condamné à un an de prison avec sursis et 20 000 euros d’amende pour avoir favorisé certaines sociétés auxquelles l’Institut national de l’audiovisuel (INA) avait versé autour de 400 000 euros quand il en était le patron entre 2010 et 2014, Mathieu Gallet a décidé de faire appel. L’actuel patron de Radio France plaidant la méconnaissance sur les questions de marché public et ses avocats dénonçant un procès à charge, menée par la procureure de la République de Créteil, Amélie Cladière, jugée « partiale ».
En novembre et décembre, jusque dans les studios de France Inter, Mathieu Gallet avait annoncé ne pas envisager de démissionner. Nommé en 2014, avec un mandat de cinq ans, il entend aller jusqu’au bout. Et jusque-là, la ministre de la Culture, Françoise Nyssen, s’était plutôt montrée discrète, évitant de prendre une position.
Changement de cap ce mardi, avec des déclarations bien différentes accordées au Monde :
Les dirigeants d’entreprises publiques ont un devoir d’exemplarité. Un dirigeant d’entreprise publique condamné pour favoritisme, ce n’est pas une situation acceptable. Il appartient à l’intéressé d’en tirer les conséquences, ainsi qu’au Conseil supérieur de l’audiovisuel [CSA], légalement compétent.
Si elle se désolidarise, la ministre demande ainsi à mot couvert le départ de Mathieu Gallet. Or, justement, depuis la loi de 2013 sur l’indépendance de l’audiovisuel, c’est au CSA de le nommer et/ou de le démettre. Récemment, dans la matinale de France Inter, Olivier Schrameck lui apportait son soutien. De fait, rien n’oblige Mathieu Gallet à se retirer de la Maison ronde, tant que, selon les statuts de la société Radio France, il jouit du « plein exercice de ses droits civiques et politiques ».
Le sujet sera forcément abordé très vite au CSA. Lequel pourra toujours botter en touche, s’abritant derrière la demande en appel de Mathieu Gallet ou bien que sa condamnation repose sur des faits commis à l’époque de l’INA. Enfin, il existe peut-être une raison à ce durcissement de ton du côté du ministère de la Culture : Mathieu Gallet s’est dit opposé à son projet de rapprochement entre France 3 et France Bleu dans la prochaine réforme de l’audiovisuel public.…
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