Islamisme radical et délinquance
Le profil de l’assassin, Radouane Lakdim, qui a fait irruption dans le Super U de Trèbes, ne colle pas bien avec les analyses sur « le retour » de Daech.

Le malheur le plus inattendu s’est donc abattu vendredi sur un paisible village de l’Aude situé à des milliers de kilomètres des conflits proche-orientaux. Quatre personnes ont été assassinées par un homme de 25 ans qui s’est réclamé de Daech. Parmi les victimes, un gendarme qui s’était livré volontairement au tueur en échange d’otages que celui-ci détenait dans un magasin Super U de Trèbes, non loin de Carcassonne. Son courage fait, à juste titre, l’objet de tous les hommages.
Mais, une fois de plus, on est amené à s’interroger sur le profil de l’assassin, Radouane Lakdim, de nationalité française, que l’on hésite à qualifier de « jihadiste ». On a affaire, comme presque toujours en pareil cas, à un petit délinquant qui avait purgé plusieurs peines de prison pour détention d’armes et de stupéfiants. Ce qui pose au moins autant le problème de cette jeunesse désocialisée que celui de l’islamisme radical. Lakdim correspond à ce que les spécialistes appellent un « profil mixte ».
Pourtant, les analyses sur « le retour » de Daech et du terrorisme sont dominantes dans les médias et dans le discours politique. En face d’un personnage qui semble n’avoir répondu à aucune chaîne de commandement ni n’avoir eu aucun contact avec le Moyen-Orient, et alors qu’il est établi que la revendication de Daech est purement opportuniste, on peut une nouvelle fois se poser la question : où commence l’attentat islamiste et où finit le geste fou et suicidaire d’un enfant perdu de la République ?
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