Procès de Tarnac – Jour 10
Témoignage clé dans cette affaire assez exceptionnelle : le journaliste-écrivain David Dufresne met les pieds dans le plat et oriente les débats sur la guerre des polices et le « péril rouge ».

David Dufresne est à la barre. L’ancien journaliste indépendant – qui se décrit maintenant comme écrivain et documentariste – vient d’expliquer à la présidente du tribunal ce qu’est un « habillage en termes de police ». « Vous croyez vraiment que les services de renseignements déclarent tout ce qu'ils font ? », demande-t-il, un peu interloqué, à Corinne Goetzmann. « Vous inversez les rôles !, riposte-t-elle en souriant. Ça n’est pas David Dufresne qui interviewe le tribunal mais le tribunal qui interroge David Dufresne... » Un peu piquée quand même, car l’auteur de Tarnac, Magasin général, met les pieds dans le plat.
Depuis qu’il est arrivé à la barre, il y a plus d’une heure – pantalon noir, chemise blanche, cravate noire, lunettes, petit bouc châtain foncé –, il rompt le match que joue ce procès depuis dix jours : le ministère public défend le travail de la police. En face, la défense se bat pour démontrer que les enquêteurs ont fabriqué le dossier de Tarnac.
David Dufresne, c’est la voix qui manquait à ce procès. Celle qui ne mâche pas ses mots et ne fait pas semblant. Il dit par exemple qu'il n'a jamais douté de la sincérité des prévenus et ne croit pas à la séparation des pouvoirs. Pour lui, le juge Thierry Fragnoli échangeait en permanence