Attac : « Une diversité des modes d’action »
Portrait de deux militants d’Attac qui témoignent du dynamisme d’un mouvement qui fête ses 20 ans.
Article paru
dans l’hebdo N° 1505 Acheter ce numéro
dans l’hebdo N° 1505 Acheter ce numéro

Guillaume Erceau
Le clairvoyant
Guillaume Erceau n’a que quatre ans d’engagement militant derrière lui, mais il parle comme s’il en avait quarante, clairvoyant et plein d’aplomb. Happé par la politique à l’âge de 15 ans, aux premiers jours du mandat de François Hollande, il fait ses classes au Mouvement des jeunes socialistes, où il apprend le fonctionnement d’une organisation et l’organigramme complexe de la gauche. Il gravit rapidement les échelons, mais ses contradictions grandissantes le poussent à déserter fin 2016. « La politique de François Hollande m’a dégoûté, et nous passions plus de temps à faire de la tambouille interne qu’à aller vers les gens. Ce qui m’intéresse, c’est de participer au débat d’idées pour faire bouger les choses », témoigne le jeune homme affable, à la clairvoyance déconcertante du haut de ses 19 ans. Il adhère à Attac pour ses actions militantes et son « expertise » lorsqu’il débarque à Nantes pour suivre des études de sociologie. « Le champ est aussi large que dans un parti, avec une plus grande diversité des modes d’action, vante l’étudiant, qui cumule déjà les engagements (Unef, Greenpeace, Action non-violente COP 21). Attac est aussi une organisation pivot qui a la capacité de rassembler, car elle porte des valeurs fondamentales de la gauche et ses membres ont des sensibilités politiques diverses. » Les partis, il y retournera quand l’unité sera trouvée, dit-il aujourd’hui. D’ici là, il se prépare à des débats passionnants sur l’Europe à l’occasion des élections européennes prévues l’année prochaine. Avec un défi de taille pour Attac 44, dont il vient d’être élu président : faire entendre les questions fiscales, environnementales ou liées aux accords de libre-échange (Ceta, etc.).Photo : Frédéric Mercier
À lire aussi >> Les multiples vies d’Attac
Youlie Yamamoto
La fantaisie contre les requins
« Créativité, radicalité, popularité », c’est le mot d’ordre du comité action d’Attac, initié en partie par Youlie Yamamoto. La jeune femme de 33 ans est une habituée des actions de désobéissance civile : « valse des bobards de la loi travail » au milieu des CRS en manifestation, occupation du ministère de l’Agriculture pour dénoncer « le permis de démolir » du Ceta, redécoration d’une banque de BNP-Paribas en hôpital avec le slogan « L’évasion fiscale nuit gravement à la santé », fauchage de chaises, occupation d’un Apple Store… La liste est sans fin. Pourtant, la militante a rejoint Attac plutôt récemment, en mai 2015, après avoir reçu dans sa boîte aux lettres le « kit anti-requins » : « Il abordait le problème de la financiarisation du monde de manière très intelligente et permettait de passer à l’action tout de suite. » La lutte contre l’évasion fiscale motive l’adhésion de cette contrôleuse des finances publiques. Toujours déguisée dans les manifs, elle y rencontre des membres d’Attac qui lui proposent de s’impliquer activement, pour mettre en pratique sa créativité. Elle veut apporter de la joie et de l’humour, « sinon les gens baissent les bras direct ». Selon elle, ces actions sensibilisent un public non militant et évitent les travers d’un discours culpabilisant. « Je suis une faisante, pas une parolante, ni une sachante, ni une disante », clame la militante « autonome et souple ». Adhérente du syndicat Solidaires, participante de Nuit debout, membre de l’organisation de la Fête à Macron du 5 mai et de la Marée populaire du 26, elle cherche à faire converger les luttes pour une « transition sociale et écologique ».À lire aussi >> Geneviève Azam : « Il ne faut pas séparer la pensée et l’action »
Pour aller plus loin…

Terrorisme • 28 juin 2025
Procès AFO : quand la « peur de la guerre civile » justifie les projets d’actions racistes
De l’instruction à la barre, les 16 prévenus ont constamment invoqué la crainte de la guerre civile qui les a poussés à rejoindre le groupe. Ils ont brandi cette obsession, propre à l’extrême droite, pour justifier les projets d’actions violentes contre les musulmans.
Par Pauline Migevant

Idées • 28 juin 2025
abonné·es
Accélérationnisme : comment l’extrême droite engage une course à la guerre raciale
L’idéologie accélérationniste s’impose comme moteur d’un terrorisme d’ultradroite radicalisé. Portée par une vision apocalyptique et raciale du monde, elle prône l’effondrement du système pour imposer une société blanche.
Par Juliette Heinzlef

École • 26 juin 2025
« Notre école est le dernier service public du village »
Depuis vingt ans, 7 000 écoles publiques ont été fermées. Celle du Chautay, dans le Cher, pourrait également disparaître. Cette école est l’une des dernières classes uniques de ce département rural. Des parents d’élèves, dont Isabelle, ont décidé de lutter pour éviter cette fermeture.

Asile • 26 juin 2025
abonné·es
En CRA, sans traitement contre le VIH, Joes est menacé d’expulsion
Depuis deux mois, l’homme de 23 ans est retenu au CRA de Cornebarrieu (Haute-Garonne), où il n’a pas reçu son traitement contre le VIH. Les associations demandent une réévaluation de son dossier. Politis a pu le joindre.
Par Élise Leclercq
Best of
Les plus lus
1
Gaza : la lettre des journalistes de La Provence que vous ne lirez pas dans La Provence
2
Dati chez « C à vous » : quand une ministre tombe le masque
3
Anne-Sophie Lapix écartée du 20 heures : quand même la pugnacité soft fait peur
4
Une aide-soignante en Ehpad, qui dénonçait ses conditions de travail, licenciée 3 fois en 6 mois
Les plus récents
1
Procès AFO : quand la « peur de la guerre civile » justifie les projets d’actions racistes
2
Accélérationnisme : comment l’extrême droite engage une course à la guerre raciale
3
« Stop aux marchands de mort » : au blocage de l’usine Phyteurop, avec les opposants aux pesticides
4
« Je ne vois aucune lumière pour le futur d’Israël »