Il était une fois… la laine

Le photographe Arnaud Chochon a suivi pendant un an le projet Laines paysannes, filière locale entre agriculture et artisanat.

Michel Soudais  • 3 mai 2018 abonné·es
Il était une fois… la laine
photo : Lancer de toison sur la table de tri !
© Arnaud Chochon (arnaudchochon.com)

Dans un coin de l’Ariège, Paul Latour et Olivia Bertrand ont entrepris de faire renaître une filière locale, celle de la laine. De la bergerie aux places de marché, avec une caravane-boutique construite grâce à un financement participatif, et même sur Internet (1). Leur projet, Laines paysannes, suivi une année durant par le photographe Arnaud Chochon, est né de la rencontre entre deux activités, l’une agricole, l’autre artisanale. L’élevage de brebis est l’affaire de Paul. La partie tissage et valorisation des laines locales est menée par Olivia. Tous deux visent, en faisant travailler ensemble éleveurs, tondeurs, filateurs, tricoteurs et tanneurs de l’Ariège et du Tarn, à faire vivre une économie de proximité et à soutenir une agriculture paysanne diversifiée.

Au XXe siècle, de nouvelles matières textiles d’origine végétale puis chimique, moins coûteuses à produire, ont peu à peu remplacé la laine dans tous les secteurs : habillement, literie, isolation… Ce changement de pratiques ainsi que la délocalisation du travail textile ont entraîné une destruction du marché de la laine en France. Cette perte de valeur marchande a conduit les éleveurs à se désintéresser de la laine de leurs moutons, entraînant une perte importante de la qualité lainière au sein des élevages. La sélection génétique des animaux se fait désormais uniquement sur la viande et le lait.

Retrouver un savoir-faire perdu : tel est l’objectif qu’Olivia s’est fixé, après avoir « rencontré la laine » lors de voyages en Amérique centrale et l’avoir travaillée avec les Indiens Boruca. Installée en Ariège en 2009, elle apprend peu à peu à la trier, à la filer, à la teindre et à la tisser. Elle découvre le monde de l’élevage, des tondeurs et des bergers, suit une formation en développement local et mène une étude universitaire sur la filière laine ariégeoise.

« L’idée était avant tout de proposer un débouché pour des laines triées, d’apporter des solutions aux éleveurs désireux de faire quelque chose avec ce matériau, explique la jeune femme. C’est dans ce cadre qu’en 2015 nous avons entamé un travail avec Paul pour améliorer la qualité de sa laine et la valoriser. Une aventure devenue partenariat pour construire le projet Laines paysannes. »

Paul, revenu en 2012 dans la ferme familiale, au pied des Pyrénées, après plusieurs années d’études et de voyages, élève avec son père des brebis tarasconnaises en agriculture biologique et en plein air intégral. « Les premières années, raconte-t-il, j’ai mis en place le réseau de commercialisation nécessaire pour valoriser toute notre production en vente directe. C’est la volonté de proposer des produits de qualité et de valoriser au mieux toutes les productions du troupeau qui nous a incités à valoriser notre laine. Depuis, l’idée a cheminé au-delà du troupeau. »

Texte de Michel Soudais, photos de Arnaud Chochon (arnaudchochon.com)

(1) laines-paysannes.fr

Société Écologie
Temps de lecture : 3 minutes

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