Licenciement des salariés de Vélib’ : « Smovengo va dans le mur »
L’entreprise qui gère les vélos en libre service à Paris menace de licencier les agents grévistes, qui protestent contre la dégradation de leurs conditions de travail.

Voilà 50 jours qu’ils tiennent bon. Pourtant, les obstacles n’en finissent pas de surgir. Le matin du mercredi 6 juin, quelques dizaines de salariés de Smovengo et leurs soutiens se sont rassemblés sur le parvis de l’hôtel de ville. Le but : mettre de nouveau la pression sur les politiques alors que se tenait le Conseil de Paris.
En direct de l'Hôtel de Ville. Manifestation en cours ! #Vélibgate pic.twitter.com/a9lJ0wO1Mj
— Agents Vélib en grève ! (@Smovengreve) June 6, 2018
Deux semaines auparavant, le 23 mai, ils étaient quarante salariés à être convoqués à un entretien préalable au licenciement. L’objet ? Éclaircir des absences injustifiées selon l’entreprise Smovengo. « Une mascarade, répondent les grévistes. Ce qui se prépare, c’est un licenciement collectif. Nous sommes un des nombreux cailloux dans la chaussure de Smovengo, ils veulent se débarrasser de nous. » C’est donc collectivement qu’ils se sont rendus à ces entretiens. « Y aller seul, c’était leur donner raison », explique un porte-parole du mouvement, en grève depuis le 17 avril.
Scandale total ! DRH #Smovengo nous fait comprendre que notre sort était scellé avant les entretiens préalables qui n’étaient donc qu’une énième mascarade, à l’image de l’échec #Vélib 2. Licenciement collectif inéluctable. Merci @Anne_Hidalgo pour votre concours. FIN……
— Agents Vélib en grève ! (@Smovengreve) June 4, 2018
Grève légitime, grève illicite ?
Car l’entreprise, qui a remporté l’appel d’offres de la gestion des Vélib’, appuie son argumentaire sur le jugement que le tribunal de grande instance de Paris (TGI) a rendu le 14 mai. Une décision ambiguë qui laisse libre court aux interprétations multiples. « D’un côté, le tribunal a estimé que la grève était illicite, mais sans en tirer des conséquences, explique Mathieu*, un des salariés en grève. On nous a demandé de cesser de bloquer les dépôts, car cela constitue une atteinte à la liberté du travail. » Par ailleurs, le tribunal a donné raison à la requête des salariés qui accusaient Smovengo d’avoir recours à des contrats intérimaires « pour casser la grève ». « Si ce recours est reconnu illégal par la justice, c’est que notre grève est légitime », affirme le jeune homme.
« Une opération comptable plus qu’un licenciement »
Pour les travailleurs et leurs soutiens – usagers et élus politiques – réunis devant l’hôtel de ville, l’attitude de Smovengo est « insensée ». « Se séparer de 40 personnes, du personnel qualifié qui travaille sur ces vélos depuis dix ans pour certains… C’est incompréhensible ! L’entreprise va droit dans le mur et le vélo en libre service avec elle », se désole un salarié.
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Plus qu’un licenciement, on a l’impression d’être devant une opération comptable. C’est vraiment se faire de l’argent sur notre dos…
La colère est d’autant plus vive que, selon les informations du journaliste de France 3, Bertrand Lambert, Smovengo aurait passé un accord avec Cyclocity (la filiale de JCDecaux qui gérait les Vélib’ jusqu’en 2017), sur la reprise de 135 salariés. Une négociation qui s’élèverait entre 20 000 et 25 000 euros par travailleurs, pour un total de 3 millions qui serait versé par virement le 30 juin. La pilule est d’autant plus dure à avaler pour les grévistes. L’un d’eux se désole :
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