François Ruffin : L’électron libéré
À l’Assemblée nationale, François Ruffin suscite autant les critiques que les louanges. Dans la gauche atomisée de 2018, son franc-parler et ses engagements prennent un relief qui détonne, même parmi les insoumis.
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Pour dénoncer l’action du président de la République, François Ruffin invoque une scène de Robin des Bois. Dans ce classique revisité par Disney, le shérif de Nottingham, incarné par un loup bedonnant à la voix traînante, extrait une pièce d’or du plâtre d’un chien blessé en tapant sur sa jambe meurtrie. Emmanuel Macron est un « Robin des bois à l’envers » qui « va venir gratter sur les prestations sociales pour pouvoir poursuivre ses cadeaux aux plus riches », dénonçait-il au mois de mai. La comparaison est simple, efficace, percutante… Et connue de tous. En trois mots : la méthode Ruffin. « C’est un dessin animé marxiste », plaisante-t-il cinq mois plus tard dans son bureau de l’Assemblée nationale.
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Député de la première circonscription de la Somme depuis plus d’un an, François Ruffin veut tenir son engagement auprès des plus faibles, pris il y a longtemps déjà. Né en 1975 à Calais, d’un père cadre chez Bonduelle et d’une mère au foyer, il a grandi à Amiens, où il est resté marqué par la désindustrialisation, la hausse du chômage et l’avancée de la misère dans sa région durant les « trente piteuses ». Cette promesse de se faire le porte-voix de ceux qui luttent contre un capitalisme débridé que rien ne semble pouvoir arrêter, il en a fait son mantra. De quoi l’amener à se présenter, Robin des Bois « à l’endroit », aux élections législatives sous la bannière « Picardie Debout ». Une campagne « contre vents et marées, maison après maison, rue après rue, quartier par quartier, au porte-à-porte pour arracher les voix », se souvient-il. Il décroche le fauteuil de député le 18 juin 2017, devançant de 5 points le candidat macroniste.
Sa pugnacité et son franc-parler ont sans doute joué dans cette victoire, tout comme sa popularité. Car François Ruffin n’est pas un inconnu. Journaliste depuis vingt ans, il