Pologne : carton rouge aux nationalistes xénophobes

Le parti ultra-conservateur au pouvoir, Droit et Justice (PiS) de Jaroslaw Kaczynski, a été désavoué.

Gilles Wullus  • 31 octobre 2018 abonné·es
Pologne : carton rouge aux nationalistes xénophobes
photo : Jaroslaw Kaczynski.
© JANEK SKARZYNSKI / AFP

Cinquième pays de l’Union européenne par sa population, la Pologne est, ces dernières années, une habituée des dérives réactionnaires. Loi nationaliste sur l’histoire, bras de fer avec Bruxelles sur l’indépendance du système judiciaire, rhétorique anti-migrants, etc. Maître d’œuvre de cette politique, Jaroslaw Kaczynski, à la tête du parti ultraconservateur Droit et Justice (PiS), au pouvoir. Mais, le 21 octobre, les élections locales ont montré que les Polonais ne baissaient pas la garde : le PiS a été balayé ou est en ballottage très défavorable dans toutes les grandes villes, dont Varsovie, qui s’est donnée à l’opposition dès le premier tour. Ce scrutin contraste avec la réélection écrasante en avril de Viktor Orbán en ­Hongrie, qui, il est vrai, avait pris soin de museler les médias et de réécrire la loi électorale à son avantage.

Dans les derniers jours de la campagne polonaise, un spot électoral a fait scandale : sur un montage d’images, le PiS annonçait une « déferlante migratoire » en cas de victoire de l’opposition. Le message était si outrageusement xénophobe qu’il a choqué l’opinion. Si le PiS joue cyniquement la carte antimusulmane, c’est parce que les migrations sont une réalité familière à la plupart des Polonais : non seulement ils sont des millions à avoir quitté le pays (en 2015, le Royaume-Uni à lui seul comptait plus de 900 000 habitants nés en Pologne), mais la Pologne est aussi une terre d’immigration massive – 586 000 permis de résidence délivrés à des ressortissants non européens (essentiellement ukrainiens) en 2016, soit un cinquième de toute l’UE ! Beaucoup de Polonais ont compris que le repli identitaire était une impasse.

Monde
Publié dans le dossier
10 bonnes nouvelles en Europe
Temps de lecture : 1 minute

Pour aller plus loin…

Franco : une récupération aux mille visages
Extrême droite 20 novembre 2025 abonné·es

Franco : une récupération aux mille visages

Quarante ans de dictature franquiste ont imprimé en profondeur la société espagnole. Son empreinte, décryptée par l’historien Stéphane Michonneau, pèse aujourd’hui sur le débat politique, en y insufflant les relents nauséabonds du fascisme. Même si le franquisme est maintenant poursuivi par la loi.
Par Olivier Doubre
« Le franquisme sociologique n’a jamais disparu en Espagne »
Entretien 20 novembre 2025

« Le franquisme sociologique n’a jamais disparu en Espagne »

Secrétaire d’État chargé de la mémoire démocratique, un portefeuille créé en 2020, Fernando Martínez López alerte sur les appétits dictatoriaux du parti d’extrême droite Vox et milite pour la connaissance des luttes en matière de droits fondamentaux.
Par Pablo Castaño
Le fantôme de Franco hante toujours l’Espagne
Monde 20 novembre 2025 abonné·es

Le fantôme de Franco hante toujours l’Espagne

Cinquante ans après la mort du dictateur, l’ancien roi Juan Carlos publie un livre de mémoires qui ravive les polémiques. Alors que le parti d’extrême droite Vox progresse, le pays oscille entre les conquêtes démocratiques d’une société transformée et les persistances d’un héritage franquiste.
Par Pablo Castaño
Face à la Russie, l’Europe de la défense divise la gauche
Analyse 19 novembre 2025 abonné·es

Face à la Russie, l’Europe de la défense divise la gauche

Devant la menace russe, l’instabilité américaine et la montée des tensions géopolitiques, quelle attitude adopter ? Entre pacifisme historique, tentation souverainiste et réorientation stratégique, le PS, les Écologistes, LFI et le PCF peinent à trouver une ligne commune.
Par Denis Sieffert