« Argent », de Christophe Hanna

Le poète Christophe Hanna a demandé à nombre de ses connaissances d’aborder ce sujet réputé tabou.

Christophe Kantcheff  • 7 novembre 2018
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« Argent », de Christophe Hanna
© Bianchetti Stefano / Leemage / AFP

Parler d’argent. Voilà qui n’est pas chose facile, en particulier en France. Le poète Christophe Hanna a décidé de le faire de manière directe. Il a ainsi demandé à nombre de ses connaissances, avant d’élargir le cercle, d’aborder ce sujet réputé tabou. S’expriment ainsi des poètes, des artistes, des enseignants, des employés d’institutions culturelles, mais également un jardinier, une assistante sociale… Ils parlent de leurs revenus, de leur rapport à l’argent, de leurs dépenses, de la manière dont, pour beaucoup, ils s’accommodent d’un faible niveau de vie, de la façon dont ils négocient financièrement une lecture ou une performance avec des instances culturelles, etc. Christophe Hanna a découpé ses chapitres en fonction d’une fourchette de revenus mensuels. Premier chapitre : 200 à 400 euros. Deuxième : 400 à 600. Et ainsi de suite. La grande majorité se situe entre 1 000 et 1 800 euros. Beaucoup de ses interlocuteurs appartiennent donc à la catégorie des « intellos précaires ». Pour les nommer, Christophe Hanna donne leur prénom assorti de leur revenu. Exemple : Franck1250. On ne peut éviter d’en reconnaître certains. Le jeu peut être amusant, mais là n’est pas l’essentiel. Argent n’a pas valeur d’étude scientifique. Il ne s’agit pas d’une enquête sociologique, mais de « quelque chose comme un poème », comme le dit l’auteur, sans accorder à cette qualification plus d’importance. Quoi qu’il en soit, ce texte est aussi passionnant qu’édifiant. Autant pour ce qu’il révèle de la dimension économique de la vie des personnes interrogées que pour la représentation qu’elles en ont. Argent a de la valeur.

Argent, Christophe Hanna, Amsterdam, 264 pages, 20 euros.

Littérature
Temps de lecture : 1 minute
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