Solidarité : une victoire et des revers

S’appuyant pour la première fois sur le « principe de fraternité », la Cour de cassation a annulé la condamnation de Cédric Herrou.

Politis  • 19 décembre 2018
Partager :
Solidarité : une victoire et des revers
© Christine POUJOULAT/AFP

« Après deux ans de procès agités, nous avons été entendus par la Cour de cassation » : Cédric Herrou, cet agriculteur de la vallée de la Roya devenu l’emblème de la solidarité envers les migrants, ressent un vrai sentiment de justice puisque, le 12 décembre, la plus haute instance de l’ordre judiciaire, s’appuyant pour la première fois sur le « principe de fraternité » reconnu le 6 juillet par le Conseil constitutionnel, a partiellement annulé sa condamnation et celle d’un autre militant qui avait été condamné en appel pour avoir porté assistance à des migrants. Tous deux seront donc rejugés devant la cour d’appel de Lyon.

Le même jour, en Belgique, le tribunal bruxellois rendait son verdict dans le « procès de la solidarité ». Douze personnes, dont trois citoyennes belges, étaient accusées de « trafic d’êtres humains » et de participation à une « organisation criminelle ». Quatre ont été acquittées, mais les migrants poursuivis ont été condamnés à des peines de 12 mois à 40 mois avec sursis et à des amendes dépassant l’entendement. « Ce procès a réaffirmé une frontière déjà bien existante dans notre société : celle qui distingue citoyen·ne·s hébergeur·se·s et étranger·e·s migrant·e·s. Si la solidarité des premiers est bien reconnue, celle des migrants reste aujourd’hui criminalisée », a écrit le collectif Solidarity is not a crime.

Le lendemain, douche froide pour les « 7 de Briançon ». Le tribunal correctionnel de Gap les a déclarés coupables d’aide à l’entrée sur le territoire d’une personne en situation irrégulière. Benoît, Théo, Bastien, Lisa et Eleonora ont été condamnés à six mois avec sursis. Juan et Mathieu à douze mois d’emprisonnement dont quatre ferme. Surréaliste.

Société
Temps de lecture : 2 minutes
Soutenez Politis, faites un don.

Chaque jour, Politis donne une voix à celles et ceux qui ne l’ont pas, pour favoriser des prises de conscience politiques et le débat d’idées, par ses enquêtes, reportages et analyses. Parce que chez Politis, on pense que l’émancipation de chacun·e et la vitalité de notre démocratie dépendent (aussi) d’une information libre et indépendante.

Faire Un Don

Pour aller plus loin…

Aux États-Unis, l’habit fait le trumpiste
Analyse 12 décembre 2025 abonné·es

Aux États-Unis, l’habit fait le trumpiste

Entre exaltation d’une féminité à l’ancienne, nostalgie d’une Amérique fantasmée et stratégies médiatiques, l’esthétique vestimentaire se transforme en arme politique au service du courant Maga. Les conservateurs s’en prennent jusqu’à la couleur rose d’un pull pour hommes.
Par Juliette Heinzlef
Naturalisation : des Palestiniens sous pression de la DGSI
Enquête 11 décembre 2025 abonné·es

Naturalisation : des Palestiniens sous pression de la DGSI

Convoqués par la Direction générale de la sécurité intérieure alors qu’ils demandaient la nationalité française, trois Palestiniens racontent les entretiens durant lesquels on leur a suggéré de fournir aux Renseignements des informations sur le mouvement associatif palestinien.
Par Pauline Migevant
« La surveillance des Palestiniens en Europe est très répandue »
Entretien 11 décembre 2025

« La surveillance des Palestiniens en Europe est très répandue »

En Europe, les Palestiniens sont de plus en plus ciblés par les surveillances numériques ou les fermetures de comptes bancaires. Layla Kattermann, responsable de la veille pour l’European Legal Support Center, revient sur ce standard européen de surveillance.
Par William Jean
À la frontière franco-britannique, la parade de l’extrême droite, entre associations inquiètes et forces de l’ordre passives
Reportage 6 décembre 2025 libéré

À la frontière franco-britannique, la parade de l’extrême droite, entre associations inquiètes et forces de l’ordre passives

Sur la plage de Gravelines, lieu de départ de small boats vers l’Angleterre, des militants d’extrême droite britannique se sont ajoutés vendredi 5 décembre matin aux forces de l’ordre et observateurs associatifs. Une action de propagande dans un contexte d’intimidations de l’extrême droite. Reportage.
Par Pauline Migevant et Maxime Sirvins