Pourquoi l’Europe sociale n’a pas eu lieu

En constitutionnalisant le néolibéralisme, les traités successifs ont édifié un ordre juridique qui fait obstacle à toute volonté de transformation sociale et écologique.

Michel Soudais  • 24 avril 2019 abonné·es
Pourquoi l’Europe sociale n’a pas eu lieu
© photo : En 1951, Konrad Adenauer signe le traité instituant la Communauté européenne du charbon et de l’acier.crédit : STAFF/INTERCONTINENTALE/AFP

L’accrochage fut bref mais parlant. Il opposa, le 4 avril sur France 2, devant des centaines de milliers de téléspectateurs, Yannick Jadot, tête de liste d’Europe Écologie-Les Verts, à Manon Aubry, qui conduit la liste de La France insoumise, le premier voulant rester dans les traités actuels lorsque son adversaire refuse « l’Europe à tout prix ». « Comment faites-vous la transition écologique, interroge l’Insoumise, quand vous avez juste 3 % de déficit, avec […] douze traités de libre-échange qui vont être signés et organiser le grand déménagement du monde ? » Réplique de l’eurodéputé écolo : « J’espère, madame, que vous serez élue au Parlement européen. Vous verrez que l’on peut faire plein de choses sans changer les traités. Sur la pêche électrique, les énergies renouvelables, le glyphosate, et même l’investissement… »

La gauche a longtemps rêvé l’Europe avant de se diviser à son sujet. Des États-Unis d’Europe imaginés par Victor Hugo au tournant des années 1840-1850 à « l’Europe socialiste » fêtée par le PS dans les jardins du Trocadéro fin mai 1979, à quelques jours de la première élection du Parlement européen au suffrage universel, cette Europe promise n’est jamais advenue. Pire, elle s’est construite contre elle.

Conçue à l’époque de la guerre froide et de la lutte contre le communisme, la construction européenne n’a jamais été politiquement neutre. Marquée par la volonté des « pères fondateurs » de rendre impossible le retour de la guerre au moyen d’une limitation des souverainetés nationales, elle s’oriente d’emblée comme l’instrument de la reconstruction du libre-échange. Dès la Communauté européenne du charbon et de l’acier (1951), l’intégration communautaire

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