L’Amazonie au cœur de la rentrée climatique

À l’occasion de la journée internationale de l’Amazonie, ONG, syndicats et partis politiques s’étaient donnés rendez-vous  jeudi soir place de la République.  Il a été question du sort des indigènes mais aussi des futures mobilisations sur le climat.

Matthias Hardoy  • 6 septembre 2019
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L’Amazonie au cœur de la rentrée climatique
© Mobilisation pour l'Amazonie Place de la République le jeudi 5 septembre 2019. Photo M.H

Une centaine de personnes sont réunies place de la République. Une petite foule hétéroclite venus pour défendre les habitants d’une Amazonie ravagée par les incendies. De nombreuses pancartes appellent à la démission du président brésilien Bolsonaro, une autre lapidaire proclame que « sans forêt, on est foutu! » Des jeunes colombiens de l’association Ciudadanía por la Paz sont attablés au milieu de la place, fausse coupe de champagne à la main, ils préparent une performance pour dénoncer la responsabilité de l’agrobusiness dans la déforestation, une des causes des feux en cours actuellement. Plus loin, une dame attire les regards en brandissant avec fierté le portrait de la militante de gauche Marielle Franco assassinée dans les rues de Rio en 2018.

« L’Amazonie est un lieu de vie »

Geneviève Garrigos, responsable Amériques d’Amnesty France (à l’origine de l’événement avec huit autres ONG), semble heureuse d’avoir réuni des militants d’horizons divers pour une cause qui d’habitude ne mobilise que très peu : « Cette mobilisation est une manière aussi de faire passer un message. L’Amazonie n’est pas qu’un poumon de la terre. C’est aussi un lieu de vie habité par des populations indigènes qui savent comment protéger son exceptionnelle biodiversité », affirme t’elle avec force.

Malgré la forte présence de militants anti-Bolsonaro, les organisateurs veulent que la réflexion aille au-delà de la critique du seul gouvernement brésilien. « L’Amazonie n’est pas que brésilienne. Elle traverse huit pays. La France est loin d’être irréprochable. Elle n’a pas signée par exemple la Convention 169 de l’OIT de 1989 qui accorde aux peuples autochtones le droit de se prononcer sur l’usage et l’exploitation de_ leurs terres. On a envie de dire aux états de respecter tout d’abord les accords internationaux ! » souligne la responsable d’Amnesty France. Jair Bolsonaro n’est pas la seule figure fortement critiquée sur cette place de la République. Des pancartes dénoncent ouvertement l’attitude d’Evo Morales, le président bolivien de gauche, à la politique environnementale de plus en plus critiquée, car jugée bien trop complaisante envers l’agriculture intensive.

D’autres mobilisations en ligne de mire

Lors de la soirée, les prises de parole s’enchaînent. Les partis, syndicats et élus de gauche n’ont pas manqué le rendez-vous. Jacques Boutault, le maire EELV du 2ème arrondissement a appelé à réfléchir à notre façon de consommer et à notre addiction à la viande. « L’élevage intensif étant une des causes de la crise en cours », la sénatrice communiste Laurence Cohen demande, elle, au gouvernement « de cesser immédiatement tout accord commercial avec le Brésil », déclenchant les applaudissements nourris des opposants au président brésilien actuel.

Peu à peu, il n’est plus question seulement d’Amazonie, et beaucoup ont déjà les yeux déjà rivés vers les mobilisations climat du 20 et 21 septembre. Y verra-t-on enfin la tant attendue convergence des luttes environnementales et sociales ? Solidaires et la France Insoumise promettent en tout cas de battre le rappel des troupes. Du côté de la Marche pour le Climat, on annonce une première manifestation dès ce dimanche 8 septembre en guise de tour de chauffe. _« Prévenez chacun vos amis, partagez l’événement le plus possible sur les réseaux sociaux ! » demande à la foule Emilie, l’une des organisatrices de la marche l’an passé. Pour faire réellement du bruit, elle le sait, il va falloir être beaucoup plus nombreux !

Société
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