Mathieu Sarda, un cher monsieur

Mathieu Sarda était le chef d’orchestre de la matinale de France Inter depuis dix ans. Il nous a quittés à l’âge de 41 ans. Professionnel, certes, c’était aussi un être attachant.

Jean-Claude Renard  • 11 juin 2020
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Mathieu Sarda, un cher monsieur
© Photo : DR

Ça laisse une rédaction en vrac. Et toute une chaîne. Celle de France Inter. En émoi, et dans la stupéfaction. Il y a de quoi. Mathieu Sarda nous a quittés ce dimanche. Il était la plaque tournante de la matinale de la station. De Patrick Cohen à Nicolas Demorand et Léa Salamé aujourd’hui, cette matinale est devenue la plus écoutée en France. Cette réussite, c’était lui. « Exigeant, dans le bon sens du terme, éclectique dans ses envies, confie Mickaël Thébault, rédacteur en chef de la matinale de France Inter. Avec des envies de programmations inattendues, mais, au final, il avait raison. On pouvait avoir un premier réflexe négatif, il avait encore raison. Avec un coup d’avance toujours sur les autres médias. C’était valable pour une sortie littéraire, une pièce de théâtre. Mathieu avait du flair, réel et rare. Il sentait les choses, avec une exigence de variétés, de renouvellement dans les invités. »

Mathieu Sarda était un homme de l’ombre. Et qui voulait le rester. Pas de projecteurs, pas d’image. « On fait son travail, et c’est tout ! » Un homme des couloirs. D’une efficacité redoutable. Convaincant dans la patience, sans compter ses heures. Un discret dans la discrétion. Qui ne voulait pas apparaître. Un homme de l’ombre, lumineux. Avec un éternel sourire. Léa Salamé et Nicolas Demorand lui ont rendu un bel hommage en fin de matinale ce mardi 9 juin.

Mathieu Sarda. Un nom qui claque. Un œil rayonnant. Malicieux. Un p’tit malin, bavard. Déconné, déconnant. Brinquebalé dans la jovialité. Un amoureux des arts, de théâtre, d’opéras, de littératures. Pluriel. La culture, c’était son truc. Amoureux de l’architecture des églises, sans céder à une religion. Amoureux aussi de Venise qu’il appréciait arpenter. Des Zattere à la Salute. Avec son bon coup de fourchette. Intransigeant sur la table, la pasta et tutti quanti. À vrai dire, intransigeant sur tout. Mais tout en rigolant. Il était le bal de la vie. Un cher monsieur, exactement.

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