Et si on écoutait les féministes ?
Pour déconstruire les rapports de pouvoir traditionnels, les mouvements de défense des droits des femmes auraient beaucoup à nous apprendre. Mais, prisonniers de leurs contradictions et sous-estimés par l’opinion publique, ils sont encore peu audibles.
dans l’hebdo N° 1632-1634 Acheter ce numéro

O n ne battra pas le patriarcat en utilisant les mêmes méthodes que lui. » La phrase est de Lucie, une militante d’Osez le féminisme !, et elle résume à elle seule la philosophie – parfois contradictoire – des mouvements féministes. En combattant le patriarcat, ils s’élèvent de facto contre toute forme de discrimination, d’oppression et d’exploitation. En demandant l’émancipation des femmes, c’est aussi l’émancipation de tou·tes que les militantes féministes défendent. Et en s’engageant contre l’exploitation des femmes, c’est contre l’exploitation de toute chose – planète Terre comprise – qu’elles s’insurgent. Pourtant, outre les bénéfices démocratiques évidents qui pourraient être tirés de ces revendications, les mouvements féministes sont à la peine pour proposer et, à plus forte raison, imposer leur idéal de gouvernance féministe.
La faute en est-elle à un corpus littéraire et philosophique encore trop peu étoffé ? Sur la question de la gouvernance et du pouvoir, la militante féministe Aurore -Koechlin, doctorante en sociologie et autrice de La Révolution féministe (1), concède qu’elle a été « relativement peu posée par le mouvement