Première ligne

Nous pensions que la loi « sécurité globale » passerait sans opposition majeure. L’actualité a cette fois fait déborder le vase.

Politis  • 2 décembre 2020
Partager :
Première ligne
© Georges Gonon-Guillermas / Hans Lucas / Hans Lucas via AFP

À force de décrypter les multiples atteintes à l’État de droit et aux principes démocratiques, nous avions fini par penser, à Politis, que ce nouvel épisode, cette loi « sécurité globale », serait digéré par la société sans opposition majeure. L’actualité a cette fois fait déborder le vase. La violence policière n’est pas née avec l’affaire Adama Traoré, ni même avec les gilets jaunes. Il suffit de vouloir s’y intéresser, comme nous le faisons, avec quelques autres médias, depuis des années. Mais pour beaucoup, il aura fallu attendre des images indéfendables, prises au cœur d’un arrondissement parisien plutôt cossu, pour qu’ils la voient comme un sujet d’importance nationale. Cette géographie de l’émotion démontre à elle seule combien la France est un pays profondément inégalitaire.

Dès les débuts du débat sur cette proposition de loi, Politis s’est joint aux rédactions et organisations professionnelles mobilisées, a appelé à manifester massivement le 28 novembre, et porté avec d’autres le recours – gagné le 27 novembre – contre l’arrêté du préfet de police Lallement qui entendait interdire le défilé. Nous ne descendons pas dans la rue par corporatisme. Notre réflexe est démocratique. Nous le faisons pour les libertés, celles de chaque citoyen·ne. Certain·es de nos confrères et consœurs se sont trouvé·es tout étonné·es de défiler le 28 novembre aux côtés de journalistes qu’ils qualifient d’ordinaire de « militants » ou « d’extrême gauche ». Bienvenue dans cette lutte !

L’accélération des projets gouvernementaux sur la « sécurité », tous liberticides, survient en pleine crise sanitaire. Nous n’y voyons pas un hasard, mais l’opportunisme d’un pouvoir pressé de maintenir, « quoi qu’il en coûte», son logiciel au service des plus riches, et de tuer dans l’œuf toute velléité de le contester. Tout en attaquant des principes fondateurs de l’État de droit, Macron et son gouvernement, avec le cynisme des nantis qui savent que les gens qui galèrent ou ont faim s’épuisent à survivre plutôt qu’à se révolter, continuent d’ignorer la pauvreté qui se répand dans tout le pays, comme nous en rendons compte dans ce numéro.

Lire > Pauvreté : Le choix de l’inaction

Dans l’Aveyron, en première ligne pour les nouveaux précarisés

Les allocataires du RSA face au « tribunal des pauvres »

L’histoire ne s’arrête pas en ce mois de décembre 2020. La présidentielle, ce verrou qui corsète notre démocratie, n’est que dans seize mois. À Politis nous continuerons à mettre à nu ce pouvoir qui, malgré des revers, ne renonce pas à creuser son sillon illibéral en espérant renouveler pour cinq ans l’imposture de 2017.

Publié dans
Parti pris

L’actualité vous fait parfois enrager ? Nous aussi. Ce parti pris de la rédaction délaisse la neutralité journalistique pour le vitriol. Et parfois pour l’éloge et l’espoir. C’est juste plus rare.

Temps de lecture : 2 minutes
Soutenez Politis, faites un don.

Chaque jour, Politis donne une voix à celles et ceux qui ne l’ont pas, pour favoriser des prises de conscience politiques et le débat d’idées, par ses enquêtes, reportages et analyses. Parce que chez Politis, on pense que l’émancipation de chacun·e et la vitalité de notre démocratie dépendent (aussi) d’une information libre et indépendante.

Faire Un Don

Pour aller plus loin…

Budget : le pari perdu d’avance d’Olivier Faure
Parti pris 16 octobre 2025

Budget : le pari perdu d’avance d’Olivier Faure

Alors qu’Olivier Faure, le patron des socialistes, promet de « grandes victoires » à venir dans le cadre du débat budgétaire, les contraintes parlementaires et l’équilibre des forces en présence au Parlement garantissent, ni plus moins, l’échec de la promesse socialiste.
Par Pierre Jacquemain
Lecornu : au PS, chronique d’une trahison permanente
Parti pris 14 octobre 2025

Lecornu : au PS, chronique d’une trahison permanente

Le PS s’apprête à ne pas voter la censure contre le gouvernement Lecornu. Une décision au nom de la « responsabilité » qui ravive pourtant un vieux soupçon : celui d’un parti incapable de choisir entre rupture et accommodement. À trop vouloir durer, le socialisme français risque surtout de s’effacer.
Par Pierre Jacquemain
Pourquoi les annonces de Sébastien Lecornu sont une arnaque
Parti pris 14 octobre 2025

Pourquoi les annonces de Sébastien Lecornu sont une arnaque

Au terme d’un discours de politique générale express, Sébastien Lecornu a tout fait pour convaincre le Parti socialiste de ne pas censurer son gouvernement. Et il ne fait plus de doute qu’il aura réussi. Comme cela pouvait être attendu, le parti à la rose a décidé d’être le dernier garant du macronisme.
Par Pierre Jequier-Zalc
La proportionnelle, oui… mais pas seule
Parti pris 14 octobre 2025

La proportionnelle, oui… mais pas seule

En cette période de crise politique, la question du mode de scrutin proportionnel refait surface. Avec un risque majeur : livrer les clés du Parlement à l’extrême droite, sans pour autant redonner le pouvoir au peuple.
Par Pierre Jacquemain