Birmanie/Myanmar : La résistance aux militaires putchistes progresse, malgré tout…

En dix ans de « démocratie », la junte fait tout pour conserver le pouvoir dont elle s’est violemment emparée par un coup d’État le 1er février dernier.

Politis  • 10 février 2021
Partager :
Birmanie/Myanmar : La résistance aux militaires putchistes progresse, malgré tout…
© Mohd RASFAN / AFP

Alors que les plus âgés d’entre eux ont déjà connu quatre décennies de dictature militaire (1962-2011) et de sanglants épisodes de répression (comme en 1988, où plus de 3 000 personnes périrent sous les balles des soldats), la junte fait tout pour conserver le pouvoir dont elle s’est violemment emparée par un coup d’État le 1er février dernier. Coupures d’Internet, blocages de réseaux de téléphonie, diffusion de fake news allant jusqu’à faire croire à la libération de l’ex-Première ministre démocrate et prix Nobel de la paix 1991, Aung San Suu Kyi, arrêtée par les militaires… Bravant la peur, les Birmans sont toutefois descendus dans la rue samedi 6, dimanche 7 et lundi 8 février, leur nombre allant même croissant de jour en jour, pour protester contre le retour de l’armée au pouvoir. Les slogans appelaient à la libération de Suu Kyi et demandaient « la démocratie ». Ouvriers, moines, étudiants et de nombreux fonctionnaires ont formé des cortèges massifs, notamment à Rangoun et à Mandalay, la seconde ville du pays, les manifestants demeurant dans tous les cas totalement pacifiques.

Mais la reprise du pouvoir par les militaires est surtout le signe que l’armée birmane, véritable État dans l’État, n’a jamais vraiment été éloignée du système politique, Aung San Suu Kyi étant toujours restée en partie sous leur contrôle. Déjà, après le véritable nettoyage ethnique à l’encontre de la minorité Rohingya en 2017, elle avait dû aller devant la Cour de justice internationale de La Haye, « justifier » en quelque sorte l’horrible conduite des militaires. La large victoire de son parti, la Ligue nationale pour la démocratie, aux élections du 8 novembre, n’a cette fois pas été supportée par les haut gradés, qui viennent d’instaurer la loi martiale. Mais pourront-ils réprimer, comme on peut le craindre, de nouveau dans le sang une large part de la population mobilisée ?

Monde
Temps de lecture : 2 minutes
Soutenez Politis, faites un don.

Chaque jour, Politis donne une voix à celles et ceux qui ne l’ont pas, pour favoriser des prises de conscience politiques et le débat d’idées, par ses enquêtes, reportages et analyses. Parce que chez Politis, on pense que l’émancipation de chacun·e et la vitalité de notre démocratie dépendent (aussi) d’une information libre et indépendante.

Faire Un Don

Pour aller plus loin…

Ambitions internationales et continentales : l’avenir de l’Algérie se joue aujourd’hui
Monde 25 avril 2025

Ambitions internationales et continentales : l’avenir de l’Algérie se joue aujourd’hui

Comment se positionne l’Algérie dans la recomposition du monde ? Comme de nombreux pays européens et africains, avec ses forces et ses faiblesses, l’Algérie cherche sa place.
Par Pablo Pillaud-Vivien
En Cisjordanie occupée, la crainte d’une « nouvelle Nakba »
Reportage 23 avril 2025 abonné·es

En Cisjordanie occupée, la crainte d’une « nouvelle Nakba »

Depuis le début de la guerre, les raids de l’armée israélienne s’intensifient dans le nord du territoire occupé. Dans les camps de réfugiés palestiniens de Jénine et Tulkarem, près de 50 000 personnes ont été poussées hors de leurs maisons, sans possibilité de retour. À Naplouse, les habitants craignent de subir le même sort.
Par Louis Witter
« Israël est passé d’une ethnocratie à une dictature fasciste »
Entretien 23 avril 2025 abonné·es

« Israël est passé d’une ethnocratie à une dictature fasciste »

Le député communiste de la Knesset Ofer Cassif revient sur l’annexion de la Cisjordanie, le génocide à Gaza et l’évolution de la société israélienne.
Par Louis Witter
L’État binational, une idée juive
Analyse 23 avril 2025 abonné·es

L’État binational, une idée juive

L’idée d’un État commun a été défendue dès 1925, par l’organisation Brit Shalom et par des prestigieux penseurs juifs, avant de s’évanouir au profit d’une solution à deux États. Mais cette dernière piste est devenue « impraticable » au regard de la violente colonisation perpétrée à Gaza et dans les territoires palestiniens occupés aujourd’hui. Quelle autre solution reste-t-il ?
Par Denis Sieffert