Action anti-nucléaire : victoire en demi-teinte pour Greenpeace

Le procureur avait plaidé la clémence et le tribunal de Valence l’a suivi en condamnant ce mardi, 34 militants de Greenpeace à seulement 300 euros d’amende chacun pour s’être introduit en 2020 dans une centrale nucléaire. L’association devra tout de même verser 123 000 euros de dommages et intérêts à EDF.

Nadia Sweeny  • 7 septembre 2021
Partager :
Action anti-nucléaire : victoire en demi-teinte pour Greenpeace
© JEAN-CHRISTOPHE VERHAEGEN / AFP - Manifestation de Greenpeace manifestent devant la mairie de Thionville, le 27 février 2018, jour de l'ouverture d'un procès de huit militants et de deux dirigeants de Greenpeace France pour une action menée à l'intérieur du site de la centrale nucléaire de Cattenom en octobre 2017.

Douze femmes et vingt-deux hommes âgés de 28 à 70 ans avaient comparu en juin dernier, les uns pour avoir pénétré dans l’enceinte d’EDF – en découpant du grillage – le 21 février 2020, les autres, pour avoir manifesté devant l’entrée du site ce jour-là, en relayant l’opération sur les réseaux sociaux.

Ces derniers activistes, initialement poursuivis pour complicité, ont été condamnés finalement pour des faits d’intrusion, comme les autres, a indiqué l’avocat de Greenpeace à l’AFP.

123 000 euros de dommages et intérêts

L’ONG de défense de l’environnement a parallèlement été condamnée à 20.000 euros d’amende pour « incitation » à commettre un délit. Greenpeace devra verser aussi quelque 123.000 euros à EDF, au titre des dommages et intérêts et du préjudice moral.

Le producteur d’électricité, par la voix de son avocat, avait réclamé environ 700.000 euros à l’audience le 29 juin.

« Le tribunal a requalifié les faits en considérant qu’il s’agissait d’une action collective d’intrusion, et condamné tout le monde à la même peine », a commenté l’avocat de Greenpeace, Me Alexandre Faro. « Mais c’est la plus faible que je vois depuis 20 ans que je plaide dans ces affaires. »

Depuis 2015, la loi considère le fait de pénétrer dans une centrale nucléaire comme un délit et des peines de prison, avec sursis ou ferme pour les récidivistes, ont été prononcées par certaines juridictions.

« Ce jugement est un désaveu cinglant pour EDF qui a fait des pieds et des mains pour durcir la loi, or plus ça va, moins les peines sont lourdes », a poursuivi le conseil de Greenpeace, pour qui la clémence des peines prononcées est « une manière de reconnaître la légitimité des questions posées par l’ONG » en matière de sécurité nucléaire.

Au procès, le procureur avait prôné la clémence et s’était montré particulièrement critique envers EDF et la filière nucléaire, en rappelant les catastrophes de Three Mile Island (États-Unis), Tchernobyl (Ukraine) et Fukushima (Japon).

« Greenpeace et ses bénévoles, jusqu’à présent, n’ont tué personne », avait affirmé le magistrat en évoquant, cette fois, l’épisode du Rainbow Warrior, un navire de l’ONG coulé par les services secrets français en 1985, ce qui avait causé la mort d’un photographe de l’organisation.

Écologie Police / Justice
Temps de lecture : 2 minutes
Soutenez Politis, faites un don.

Chaque jour, Politis donne une voix à celles et ceux qui ne l’ont pas, pour favoriser des prises de conscience politiques et le débat d’idées, par ses enquêtes, reportages et analyses. Parce que chez Politis, on pense que l’émancipation de chacun·e et la vitalité de notre démocratie dépendent (aussi) d’une information libre et indépendante.

Faire Un Don

Pour aller plus loin…

Snipers franco-israéliens : « Ce qui est effarant, c’est qu’ils revendiquent leurs crimes de guerre à Gaza »
Justice 1 juillet 2025 abonné·es

Snipers franco-israéliens : « Ce qui est effarant, c’est qu’ils revendiquent leurs crimes de guerre à Gaza »

Deux soldats franco-israéliens sont visés par une plainte de plusieurs ONG, déposée ce 1er juillet à Paris, pour crimes de guerre, crimes contre l’humanité et génocide commis à Gaza. Ils sont accusés d’avoir participé à des exécutions sommaires au sein d’une unité baptisée Ghost Unit.
Par Maxime Sirvins
Loi Duplomb : comment le gouvernement éteint les voix paysannes
Décryptage 30 juin 2025 abonné·es

Loi Duplomb : comment le gouvernement éteint les voix paysannes



La « loi Duplomb » est discutée en commission mixte paritaire à partir de ce lundi 30 juin. Le texte ne bénéficiera qu’à une poignée de gros agriculteurs et invisibilise celles et ceux qui défendent une agriculture paysanne et vertueuse.
Par Vanina Delmas
Les cadeaux de Macron à l’agro-industrie
Agriculture 30 juin 2025

Les cadeaux de Macron à l’agro-industrie

La loi Duplomb offre de nombreux cadeaux aux défenseurs de l’agriculture productiviste. Cette générosité a émaillé les deux quinquennats d’Emmanuel Macron notamment en matière de pesticides, de fermes-usines et de mégabassines.
Par Vanina Delmas
Procès AFO : quand la « peur de la guerre civile » justifie les projets d’actions racistes
Terrorisme 28 juin 2025

Procès AFO : quand la « peur de la guerre civile » justifie les projets d’actions racistes

De l’instruction à la barre, les 16 prévenus ont constamment invoqué la crainte de la guerre civile qui les a poussés à rejoindre le groupe. Ils ont brandi cette obsession, propre à l’extrême droite, pour justifier les projets d’actions violentes contre les musulmans.
Par Pauline Migevant