Action anti-nucléaire : victoire en demi-teinte pour Greenpeace
Le procureur avait plaidé la clémence et le tribunal de Valence l’a suivi en condamnant ce mardi, 34 militants de Greenpeace à seulement 300 euros d’amende chacun pour s’être introduit en 2020 dans une centrale nucléaire. L’association devra tout de même verser 123 000 euros de dommages et intérêts à EDF.
Douze femmes et vingt-deux hommes âgés de 28 à 70 ans avaient comparu en juin dernier, les uns pour avoir pénétré dans l’enceinte d’EDF – en découpant du grillage – le 21 février 2020, les autres, pour avoir manifesté devant l’entrée du site ce jour-là, en relayant l’opération sur les réseaux sociaux.
Ces derniers activistes, initialement poursuivis pour complicité, ont été condamnés finalement pour des faits d’intrusion, comme les autres, a indiqué l’avocat de Greenpeace à l’AFP.
123 000 euros de dommages et intérêts
L’ONG de défense de l’environnement a parallèlement été condamnée à 20.000 euros d’amende pour « incitation » à commettre un délit. Greenpeace devra verser aussi quelque 123.000 euros à EDF, au titre des dommages et intérêts et du préjudice moral.
Le producteur d’électricité, par la voix de son avocat, avait réclamé environ 700.000 euros à l’audience le 29 juin.
« Le tribunal a requalifié les faits en considérant qu’il s’agissait d’une action collective d’intrusion, et condamné tout le monde à la même peine », a commenté l’avocat de Greenpeace, Me Alexandre Faro. « Mais c’est la plus faible que je vois depuis 20 ans que je plaide dans ces affaires. »
Depuis 2015, la loi considère le fait de pénétrer dans une centrale nucléaire comme un délit et des peines de prison, avec sursis ou ferme pour les récidivistes, ont été prononcées par certaines juridictions.
« Ce jugement est un désaveu cinglant pour EDF qui a fait des pieds et des mains pour durcir la loi, or plus ça va, moins les peines sont lourdes », a poursuivi le conseil de Greenpeace, pour qui la clémence des peines prononcées est « une manière de reconnaître la légitimité des questions posées par l’ONG » en matière de sécurité nucléaire.
Au procès, le procureur avait prôné la clémence et s’était montré particulièrement critique envers EDF et la filière nucléaire, en rappelant les catastrophes de Three Mile Island (États-Unis), Tchernobyl (Ukraine) et Fukushima (Japon).
« Greenpeace et ses bénévoles, jusqu’à présent, n’ont tué personne », avait affirmé le magistrat en évoquant, cette fois, l’épisode du Rainbow Warrior, un navire de l’ONG coulé par les services secrets français en 1985, ce qui avait causé la mort d’un photographe de l’organisation.
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