Calais : Une grève de la faim pour soutenir les exilés

Depuis le 11 octobre, le père jésuite Philippe Demeestère et un couple de Calaisiens trentenaires observent une grève de la faim pour alerter sur le traitement inhumain réservé aux migrants.

Politis  • 27 octobre 2021
Partager :
Calais : Une grève de la faim pour soutenir les exilés
© SYLVAIN LEFEVRE / Hans Lucas / Hans Lucas via AFP

Depuis le 11 octobre, le père jésuite Philippe Demeestère, aumônier du Secours catholique âgé de 73 ans, et un couple de Calaisiens trentenaires, Anaïs Vogel et Ludovic Holbein (photo), observent une grève de la faim pour alerter sur le traitement inhumain réservé aux migrants. La mort de Yasser Abdallah, un Soudanais de 20 ans, fauché par un camion en tentant de rejoindre l’Angleterre dans la nuit du 28 septembre, a été pour eux un électrochoc de trop. D’autant que, dans la journée qui a suivi, ses proches ont été expulsés de leur campement. « La grève de la faim vient redire à toutes les intelligences qui se sont ankylosées, assoupies, ce qui se passe en France. En 2021, dans une démocratie, c’est inacceptable. Il y a quelque chose qui rompt la fraternité humaine. Et en tant que citoyen français, j’ai honte », explique le père Philippe Demeestère à France Info. De son côté, Ludovic appelle les citoyens qui le souhaitent à les soutenir en faisant un jeûne de 24 heures et en postant des messages sur les réseaux sociaux. Les trois grévistes demandent aussi l’ouverture d’un réel dialogue avec l’État, jusqu’ici inexistant ou inopérant.

Du fond de l’église Saint-Pierre de Calais, les trois jeûneurs demandent une trêve hivernale pour les exilés dès le 1er novembre. « Qu’ils puissent demeurer là où ils sont sans qu’on vienne les en chasser matin après matin. Qu’on cesse de leur enlever leurs effets personnels parce qu’au moment de ces évictions, des tentes sont prises, ainsi que des sacs avec des téléphones, et leurs papiers sont saisis », s’indigne le religieux, qui veut attendre le 2 novembre pour décider s’il cesse sa grève ou non. « Le 1er novembre commence la trêve hivernale, donc le 2, je verrai si éventuellement il y a eu deux jours sans éviction et puis je tiens au 2 novembre parce que dans l’Église catholique, c’est le jour où l’on célèbre la mémoire des défunts. Ce sera l’occasion de faire valoir la mémoire de ces plus de 300 personnes qui sont mortes depuis le début du siècle en tentant de traverser la frontière. »

>> En soutien aux grévistes de la faim de Calais, une pétition demande l’arrêt de la maltraitance des personnes exilées

Société
Temps de lecture : 2 minutes
Soutenez Politis, faites un don.

Chaque jour, Politis donne une voix à celles et ceux qui ne l’ont pas, pour favoriser des prises de conscience politiques et le débat d’idées, par ses enquêtes, reportages et analyses. Parce que chez Politis, on pense que l’émancipation de chacun·e et la vitalité de notre démocratie dépendent (aussi) d’une information libre et indépendante.

Faire Un Don

Pour aller plus loin…

Antifascisme : la riposte citoyenne reprend des forces
Luttes 25 avril 2025

Antifascisme : la riposte citoyenne reprend des forces

Dans les rues lors des manifestations et rassemblements, au sein d’organisations militantes et de collectifs de solidarité, une multitude de voix s’élèvent partout en France pour opposer à la haine un front populaire, solidaire et déterminé.
Par Maxime Sirvins
France-Algérie : « Nous sommes les enfants de parents divorcés »
Témoignages 25 avril 2025

France-Algérie : « Nous sommes les enfants de parents divorcés »

Alors que les deux pays n’en finissent plus d’entretenir des relations belliqueuses, plusieurs millions de citoyens, des deux côtés de la Méditerranée, subissent des dirigeants qui semblent plus animés par des enjeux de politique intérieure qu’étrangère.
Par Kamélia Ouaïssa
Michaël Fœssel : « Nous sommes entrés dans un processus de fascisation »
Entretien 24 avril 2025

Michaël Fœssel : « Nous sommes entrés dans un processus de fascisation »

Dans Une étrange victoire, écrit avec le sociologue Étienne Ollion, Michaël Fœssel décrit la progression des idées réactionnaires et nationalistes dans les esprits et le débat public, tout en soulignant la singularité de l’extrême droite actuelle, qui se pare des habits du progressisme.
Par Olivier Doubre
En France, l’État acte l’abandon des quartiers
Quartiers 23 avril 2025 abonné·es

En France, l’État acte l’abandon des quartiers

En voulant supprimer l’Observatoire national de la politique de la ville, le gouvernement choisit de fermer les yeux sur les inégalités qui traversent les quartiers populaires. Derrière un choix présenté comme technique, c’est en réalité un effacement politique du réel qui se joue. 
Par Maxime Sirvins