Ces enseignants qui claquent la porte
Le nombre de démissions de profs augmente d’année en année. Les causes ? Dégradation des conditions de travail, manque de reconnaissance, empilement des réformes… Témoignages.
dans l’hebdo N° 1677 Acheter ce numéro

Sarah chantonne « je suis venue te dire que je m’en vais » lorsqu’elle évoque son prochain départ de l’Éducation nationale, « dès que possible ». La jeune professeure des écoles prévoit de rejoindre les rangs des démissionnaires de l’Éducation, dont le nombre a plus que triplé en moins de dix ans. Ils étaient 399 en 2011-2012, ils sont 1 417 en 2017-2018. La majorité sont dans le premier degré, un peu moins de 500 dans les collèges ou les lycées.
Ces chiffres restent marginaux au regard du nombre de professeurs en poste : moins de 2 démissionnaires pour 1 000 enseignants en 2018. Mais, si le phénomène reste minoritaire, son augmentation alerte et inquiète. « Sur ces cinq dernières années, il y a environ 200 départs en plus chaque année », note la direction de l’évaluation, de la prospective et de la performance (Depp) en 2018. Surtout du côté des fonctionnaires stagiaires : ces futurs profs qui, ayant réussi le concours, passent leur première année entre formation et en responsabilité devant une classe. Durant cette année particulière, 864 sont partis au cours de l’année scolaire 2017-2018, 700 de plus que sept ans auparavant. Au total, plus de 6 % des fonctionnaires stagiaires ont décidé de jeter l’éponge et ne sont plus dans l’enseignement l’année suivante, quittant un métier dans lequel ils venaient à peine d’entrer.
Ce renoncement dit beaucoup de la dégradation des conditions de travail. « Désillusion pour une profession que l’on a fantasmée », sentiment d’être « usé par le quotidien », « manque de reconnaissance sociale et financière », « des réformes qui s’empilent sans sens »… Les arguments de ces démissionnaires sont nombreux et divers, selon leur vécu au sein de l’institution. « Ce serait une erreur de considérer que les enseignants qui quittent l’Éducation nationale sont plus insatisfaits que d’autres : ils ont simplement plus d’opportunités pour partir, avec parfois un élément déclencheur », note la sociologue Sandrine Garcia, professeure en sciences de l’éducation (1).
(1) « Quand les enseignants claquent la porte », Sandrine Garcia, La Vie des idées, 29 juin 2021.
Verbatim**Lina***
Fonctionnaire stagiaire en maternelle
« Être institutrice ? J’en ai rêvé pendant dix ans. Finalement, je n’ai pas tenu plus de dix mois », grince Lina, 23 ans. L’an dernier, alors en deuxième année de master des métiers de l’enseignement, de l’éducation et de la formation, après avoir réussi le
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