« Les Harkis » de Philippe Faucon : la grande trahison
Le film éclaire avec justesse le sort déchirant des supplétifs de l’armée française dans la guerre d’Algérie.
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En 2005, Philippe Faucon réalisait La Trahison, dont l’action se déroule durant la guerre d’Algérie. Il y revient aujourd’hui avec Les Harkis. D’une certaine façon, la question coloniale et postcoloniale traverse tout son cinéma : que ce soit avec Samia (2000), La Désintégration (2011), Fatima (Prix Louis-Delluc 2015 et César du meilleur film 2016) ou même Amin (2018).
Il n’y a donc rien d’étonnant à ce que le cinéaste réalise un deuxième film sur cette période clé, celle de la guerre de libération – comme l’ont appelée les Algériens – dont les effets se font encore sentir plus ou moins souterrainement dans la société française.
La Trahison mettait en scène des appelés du contingent maghrébins effectuant leur service militaire dans leur pays d’origine. On sait que beaucoup d’entre eux, après les accords d’Évian de mars 1962, ont pu continuer à servir dans l’armée française. Les harkis constituent une population très différente : ce sont des hommes enrôlés sur place comme supplétifs, et leur sort fut beaucoup moins enviable.
Philippe Faucon instaure d’emblée un climat de terrible violence. Dans un village, un père trouve devant chez lui un panier. Il l’ouvre et lui apparaît la tête de son fils aîné décapité. C’est le prix à payer quand on tombe aux mains des « rebelles » et qu’on s’est, comme lui, engagé comme supplétif.
Les raisons d’un tel engagement ? Le film en suggère deux, pas
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