L’État au chevet des banques

Les faillites de SVB et de Credit Suisse la soulignent plus que jamais : il faut des règles fortes, claires et véritablement appliquées pour garantir la confiance et la stabilité du secteur bancaire et financier.

Aurore Lalucq  • 19 avril 2023
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L’État au chevet des banques
© Eduardo Soares / Unsplash.

Près de quinze ans après le déclenchement de la crise de 2008, les leçons n’ont toujours pas été retenues pour empêcher le déclenchement d’une nouvelle crise bancaire. Ce dont nous avons besoin, ce sont de règles fortes, claires et véritablement appliquées pour garantir la confiance et la stabilité du secteur bancaire et financier. Les faillites de SVB et de Credit Suisse ont fait craindre le déclenchement d’une nouvelle crise financière comparable à celle de 2008 après la chute de Lehman Brothers.

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C’est donc, une fois de plus, l’intervention de la puissance publique qui a permis de circonscrire l’incendie et d’empêcher que celui-ci ne se propage à l’ensemble du secteur. S’il serait irresponsable de tenir un discours catastrophiste, il le serait tout autant de ne pas se demander si les flammes sont véritablement éteintes et s’il existe un risque qu’elles repartent de plus belle.

Une question d’autant plus légitime que l’on se rappelle que la crise de 2008 avait en réalité commencé en 2006 et s’était amplifiée par vagues successives. Sans compter que le début de contagion mondiale que nous venons de connaître n’a pas été causé par la chute de banques systémiques, comme on pouvait le craindre, mais par la faillite de banques de taille moyenne aux États-Unis.

Ces banques étaient passées sous les radars du superviseur américain après la décision du président Trump de déréglementer le secteur bancaire américain en 2018. Cette situation anormale ne touche pas que les États-Unis. En Europe, nous n’avons toujours pas totalement mis en œuvre les règles élémentaires censées empêcher le déclenchement d’une nouvelle crise – les fameuses règles de Bâle III.

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Or ce sont justement ces règles qui doivent permettre aux banques de faire face en cas de problème et d’assurer la confiance sans laquelle le système bancaire et financier ne peut fonctionner. Aujourd’hui, cette confiance repose quasi-exclusivement sur l’intervention de la puissance publique et sa capacité à renflouer les banques en cas de problème. Intolérable.

La mutualisation des pertes et la privatisation des profits ne doit pas être la politique de référence.

La mutualisation des pertes et la privatisation des profits ne doit pas être la politique de référence sur laquelle se reposer. Non seulement cela se fait avec l’argent du contribuable, mais en plus cela n’incite pas les banques à avoir de bonnes pratiques puisqu’elles savent que, dans tous les cas, l’État est là pour les sauver.

Si nous voulons éviter que de nouveaux départs de feu ne se transforment en incendies généralisés, la seule chose à faire est donc d’adopter et de véritablement faire appliquer ces règles de Bâle III. Justement, les négociations commencent au niveau européen pour intégrer ces règles dans les textes communautaires. La France aura un rôle central dans ces négociations. Il est donc de son devoir de défendre une application pleine et entière des règles prudentielles pour empêcher le déclenchement d’une nouvelle crise.

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