Retraites : la loi passe, la lutte continue
Le Conseil constitutionnel a validé la plus grande partie de la loi augmentant l’âge de départ à la retraite à 64 ans, promulguée par Emmanuel Macron dans la foulée. Malgré tout, les syndicats espèrent poursuivre les mobilisations et construire sur les acquis de la séquence.
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© Lily Chavance
« Je n’en attendais rien mais je suis quand même déçue. » Ces mots d’une militante à la suite de la décision du Conseil constitutionnel de valider les principales mesures de la réforme des retraites sont révélateurs de ce que plus personne ne nourrissait grand espoir à l’égard de la décision des « sages ».
Les jours qui ont précédé le verdict, l’institution s’était barricadée derrière un imposant dispositif de grilles mobiles de la gendarmerie. Les médias en ont fait des tonnes, jusqu’à mettre en scène un compte à rebours sur les chaînes d’info, comme les soirs d’élection présidentielle. Et s’il ne s’agissait pas de scrutin, c’est pourtant bien l’avenir du quinquennat qui s’est joué vendredi soir dernier, rue de Montpensier dans le 1er arrondissement de Paris.
Mais pour les acteurs du mouvement social, peu importe la décision du Conseil constitutionnel. Le contenu de la loi reste inchangé, voire il a été aggravé avec la censure par les sages de deux des dispositions dites « sociales » qui avaient été introduites par la droite sénatoriale – l’index et le CDI seniors. Pour eux, « la Ve République est morte le vendredi 14 avril ». D’autres assurent que rien n’entachera la légitimité de la contestation de son fond politique. La réforme « est toujours injuste, brutale et punitive », rappelle Dominique Corona, secrétaire général adjoint de l’Unsa.
Cela n’a pas empêché l’exécutif de célébrer sa validation partielle par le Conseil constitutionnel et de la promulguer immédiatement, malgré les appels incessants des différents leaders syndicaux à ne pas le faire. Comme un dernier bras d’honneur du président de la République à la rue, après trois mois de « mépris », pour reprendre le terme de Laurent Berger, leader de la CFDT.
Remobiliser les troupes et « casser la baraque »En réalité, la longue attente du verdict du Conseil constitutionnel – dont on disait qu’il pourrait permettre une sortie par le haut du conflit – a eu un vrai effet pervers. Celui de susciter chez de nombreux manifestants un sentiment de défaite, comme s’il n’y avait, désormais, plus rien à faire. Vite, cependant, les syndicats ont essayé de remobiliser les troupes.
Manifestation contre la réforme des retraites, le 13 avril 2023, à Paris. Le lendemain, le Conseil constitutionnel, barricadé, rendait son avis controversé sur la réforme des retraites. (Photos : Lily Chavance.)« La vie des Français n’est pas suspendue à l’avis de neuf personnes », assène la secrétaire générale de la CGT, Sophie Binet, à la suite de la décision. Dans la foulée, l’intersyndicale publie un communiqué dans laquelle elle appelle à une mobilisation « massive et historique »
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