WaffenKraft : la Licra et le rappeur Médine envisagent de se constituer parties civiles

Quatre membres de ce groupe néonazi seront jugés aux assises en juin pour association de malfaiteurs terroriste. La Licra et Médine faisaient partie des cibles possibles d’attaques, comme Jean-Luc Mélenchon.

Nadia Sweeny  • 12 mai 2023
Partager :
WaffenKraft : la Licra et le rappeur Médine envisagent de se constituer parties civiles
© CC0 / Pxhere.com

Suite aux révélations de Politis, mercredi, à propos du projet terroriste néonazi WaffenKraft  – « puissance de feu » en allemand – le rappeur Médine a contacté ses avocates afin de se constituer partie civile. De son côté, la Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme (Licra), envisage de faire de même, comme Jean-Luc Mélenchon, qui a effectué une annonce similaire.  

« La Licra est partie civile chaque fois que cela est possible : ce n’est évidemment et malheureusement pas la première fois dans un dossier terroriste, mais c’est une première pour un dossier terroriste lié à l’extrême droite jugé aux assises », nous indique Ilana Soskin, avocate et présidente de la commission juridique de l’association.

Au sein de ce projet – quatre membres du groupe seront jugés du 19 au 30 juin 2023 pour association de malfaiteurs terroriste –, sont évoqués à l’époque plusieurs cibles potentielles : le Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif), les meetings de Jean-Luc Mélenchon mais aussi le rappeur Médine, pour le concert qu’il avait prévu au Bataclan ainsi qu’un bureau local de la Licra.

« Go les incendier »

D’après les éléments de l’enquête dont Politis a pris connaissance, Julien*, 17 ans au moment des faits, a reconnu devant les enquêteurs avoir envisagé avec Alexandre G., alors gendarme volontaire et principal accusé, un projet d’action violente contre le rappeur, sans que ses modalités ne soient précisément définies.

*

Le prénom des personnes mineures au moment des faits ont été modifiés, conformément à la loi.

Par ailleurs, Alexandre G. a transmis, via le groupe de discussion WaffenKraft sur Discord, l’adresse d’un bureau de la Licra à Julien, afin que celui-ci aille y « lancer des cocktails Molotov ». Julien dément avoir voulu passer à l’acte. Acquis aux thèses néonazies, ce dernier reconnaît tout de même, en garde-à-vue, être antisémite ou plus précisément « anti-juif ».

Un échange de SMS datant de juin 2018 entre Julien et un autre accusé, Gauthier F., tend à démontrer que la Licra était effectivement ciblée : « La Licra, elle est juste à côté de chez moi », écrit Gauthier à son ami. « Jure ! Go les incendier », lui rétorque Julien. Les deux protagonistes, qui se rencontrent plusieurs fois, échangent aussi sur leurs projets et notamment celui d’« aller braquer des arabes » avec un « calibre ».

Julien a admis avoir détenu une arme de poing mais de type air-soft et dont il se serait débarrassé après l’interpellation du gendarme. De son côté, Gauthier F. – qui se revendique idéologiquement du Front national –, avait acheté un fusil à pompe à Alexandre G., retrouvé lors d’une perquisition chez le jeune homme.

Recevez Politis chez vous chaque semaine !
Abonnez-vous
Soutenez Politis, faites un don !

Envie de soutenir le journal autrement qu’en vous abonnant ? Faites un don et déduisez-le de vos impôts ! Même quelques euros font la différence. Chaque soutien à la presse indépendante a du sens.

Faire Un Don

Pour aller plus loin…

À Bordeaux, douze organisations portent plainte pour entrave au droit de manifester
Répression 6 juin 2023

À Bordeaux, douze organisations portent plainte pour entrave au droit de manifester

Mardi 6 juin, douze organisations et cinq militants ont déposé plainte auprès du parquet de Bordeaux pour entrave au droit de manifester. Tous mettent directement en cause la stratégie de maintien de l’ordre le 1er Mai dernier.
Par Nadia Sweeny
Les six policiers de Pantin jugés pour violences crient au complot
Procès 2 juin 2023

Les six policiers de Pantin jugés pour violences crient au complot

Au procès des six anciens policiers de la BTC de Pantin pour violences volontaires, les mis en cause défendent la thèse du complot, due à une guerre entre brigades. Le procureur a requis des peines allant de la relaxe à 18 mois de prison et 5 ans d’interdiction d’exercer.
Par Nadia Sweeny
Verbalisations sans contrôle à Dijon : le procureur botte en touche
Justice 2 juin 2023

Verbalisations sans contrôle à Dijon : le procureur botte en touche

Une trentaine de personnes ont reçu des amendes et des courriers suite à des casserolades à Dijon, sans que quiconque n’ait été verbalisé ou contrôlé sur place. Comment ces personnes ont-elles pu être identifiées ? Interrogé par Politis, le procureur de Dijon botte en touche.
Par Pierre Jequier-Zalc
Six policiers violents en roue libre au tribunal
Police 31 mai 2023

Six policiers violents en roue libre au tribunal

Six policiers de la BTC de Pantin sont accusés d’extrême violence exercée principalement à l’encontre des jeunes de cette commune de Seine-Saint-Denis. Ils comparaissent devant le tribunal correctionnel de Bobigny du 31 mai au 2 juin. Politis s’est procuré des éléments inédits de cette enquête, relatant la déviance d’une brigade pour assouvir la soif du chiffre de sa hiérarchie.
Par Nadia Sweeny