Un policier condamné pour viols en cavale

C’est une nouvelle qui fait grincer des dents à la préfecture de police de Paris : un policier, interpellé dans l’Essonne pour des faits de violences conjugales en fin de semaine dernière, aurait pris les voiles. Il avait déjà été condamné à 10 ans de réclusion.

Maxime Sirvins  • 11 mars 2024
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Un policier condamné pour viols en cavale
© Christophe ARCHAMBAULT / AFP

Mise à jour le 18 mars 2024

D’après une information du Parisien, Xavier P. a été interpellé ce lundi 18 mars 2024 au petit matin, à Itteville (91). Toujours selon le quotidien, l’homme devrait être rapidement conduit devant un juge d’instruction en vue d’une mise en examen pour « violences sur conjoint ». Le parquet aurait requis un placement en détention provisoire.

En recoupant plusieurs sources, Politis a pu apprendre que le policier en question, sous contrôle judiciaire, était désarmé depuis septembre 2015. Il était mis en examen pour des faits de viols, agression sexuelle, séquestration et violences conjugales après trois plaintes d’ex-compagnes en 2009, 2011 et 2015. Une nouvelle plainte d’une quatrième femme a été déposée en 2019. Après sa condamnation en septembre 2023, le policier a été incarcéré pendant deux mois avant d’être libéré, toujours sous contrôle judiciaire, suite à son appel de la décision de justice. Il a été suspendu en décembre 2023.

Entre 2015 et 2023, l’agent était toujours en fonction. Sans armes et en IVP (interdit de voie publique), il atterrit pendant cette période au service du groupement d’information de voie publique (SGVIP) de la préfecture de police de Paris. « Malgré les retours et les risques », Xavier P. se retrouve alors à gérer l’armurerie, nous explique une source. Interdit de porter une arme après avoir, entre autres, menacé des ex-compagnes avec son pistolet de service, Xavier P. avait pourtant tout un arsenal à disposition.


Première publication le 11 mars 2024

Le 13 septembre dernier, l’agent Xavier P. était condamné à 10 ans de prison pour viols et violences conjugales sur trois femmes, entre 2008 et 2014. Il était, depuis cette affaire, suspendu. La mise en suspension de fonctions implique un éloignement provisoire d’un agent de son service, suite à des agissements susceptibles de représenter une faute disciplinaire et d’affecter le bon déroulement du service. La suspension n’est pas une sanction disciplinaire.

Mais Xavier P. était toujours en liberté, celui-ci ayant fait appel de la décision et son contrôle judiciaire étant jugé suffisant par la justice. L’accusé avait l’interdiction d’entrer en contact avec les plaignantes et l’interdiction de porter ou détenir une arme. Dans un article du quotidien Le Parisien de novembre dernier, des victimes témoignaient de leur crainte concernant sa remise en liberté, après seulement deux mois de détention. « Je suis révoltée par cette décision. Depuis qu’il est sorti, j’ai peur, mes proches ont peur pour moi. »

Lors du procès, une quatrième femme ayant subi des préjudices avait choisi de ne pas déposer de plainte, mais avait tout de même fourni un témoignage. Par ailleurs, la plainte déposée par une cinquième victime avait été classée sans suite. Les victimes, qui affirment que leur ancien partenaire les intimidait fréquemment avec un couteau ou avec son arme de fonction, déplorent aussi le fait que l’individu ne soit pas obligé de porter un bracelet d’éloignement en attendant le prochain procès, qui devait être planifié dans un délai de deux ans.

Inscription au fichier des personnes recherchées

Ce contrôle judiciaire n’a apparemment pas empêché le policier suspendu de recommencer puisqu’il a été interpellé et placé en garde à vue en fin de semaine dernière à Juvisy pour des supposées nouvelles violences conjugales. Une enquête était en cours et une confrontation avec la victime était prévue. Lors d’une visite à l’hôpital, il s’était vu délivrer une « incompatibilité de garde à vue » le temps que son état de santé lui permette de retourner en cellule. D’après nos informations, Xavier P. aurait profité de ce moment pour s’éclipser discrètement.

Dans la foulée, une information judiciaire a été ouverte avec la délivrance d’un mandat d’arrêt pour l’agent, dorénavant inscrit au fichier des personnes recherchées (FPR). À l’heure d’écrire ces lignes, Xavier P., policier suspendu de la préfecture de police de Paris, court toujours. Une diffusion régionale urgente a été effectuée et tous les services de police d’Île-de-France avisés. Contactée, la préfecture de police de Paris n’a pas répondu à nos sollicitations. De son côté, la préfecture de l’Essonne nous a renvoyé vers le parquet (1).

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Article mis à jour le 12 mars 2024.

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Mise à jour • 18 mars 2024

D’après une information du Parisien, Xavier P. a été interpellé ce lundi 18 mars 2024 au petit matin, à Itteville (91). Toujours selon le quotidien, l’homme devrait être rapidement conduit devant un juge d’instruction en vue d’une mise en examen pour « violences sur conjoint ». Le parquet aurait requis un placement en détention provisoire.

En recoupant plusieurs sources, Politis a pu apprendre que le policier en question, sous contrôle judiciaire, était désarmé depuis septembre 2015. Il était mis en examen pour des faits de viols, agression sexuelle, séquestration et violences conjugales après trois plaintes d’ex-compagnes en 2009, 2011 et 2015. Une nouvelle plainte d’une quatrième femme a été déposée en 2019. Après sa condamnation en septembre 2023, le policier a été incarcéré pendant deux mois avant d’être libéré, toujours sous contrôle judiciaire, suite à son appel de la décision de justice. Il a été suspendu en décembre 2023.

Entre 2015 et 2023, l’agent était toujours en fonction. Sans armes et en IVP (interdit de voie publique), il atterrit pendant cette période au service du groupement d’information de voie publique (SGVIP) de la préfecture de police de Paris. « Malgré les retours et les risques », Xavier P. se retrouve alors à gérer l’armurerie, nous explique une source. Interdit de porter une arme après avoir, entre autres, menacé des ex-compagnes avec son pistolet de service, Xavier P. avait pourtant tout un arsenal à disposition.

Police / Justice
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