Cannes 2024 : un palmarès qualitatif

Le jury a distingué avant tout des œuvres qui ont surnagé dans cette édition de qualité moyenne.

Christophe Kantcheff  • 25 mai 2024
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Cannes 2024 : un palmarès qualitatif
Le réalisateur américain Sean Baker pose avec la Palme d'or pour le film "Anora", le 25 mai 2024, à Cannes.
© Loïc Venance / AFP

Palme d’or

Anora Sean Baker
La grande réussite d’Anora est d’allier un comique burlesque à un film de poursuite. Ce à quoi s’ajoute le portrait d’une jeune femme en désarroi. (Photo : DR)

Anora, de Sean Baker

Une belle palme pour une tragi-comédie sociale furieusement drôle, et intelligente dans la représentation de l’opposition entre les riches et les pauvres. Avec, en outre, une jeune comédienne, Mikey Madison, très douée.

Sur le même sujet : « Anora », de Sean Baker (Compétition) ; « Château rouge », d’Hélène Milano (Acid)

Grand prix

All We Imagine As Light, de Payal Kapadia

Le film de la jeune cinéaste indienne, qui avait signé un premier long métrage réussi en 2022, Toute une nuit sans savoir, suit trois femmes liées d’amitié – deux infirmières et une cuisinière – travaillant dans un hôpital à Mombay, où chacune est entravée d’une manière ou d’une autre. Du bleu nocturne de la capitale, elles passent aux bleus du ciel et de la mer, au sud du pays, et à sa terre rouge. L’horizon s’élargit au propre comme au figuré. Elles commencent, dès lors, à envisager ce qui pourrait être un avenir émancipé. Une belle œuvre subtile, qui mérite ce grand prix.

Prix du jury

Emilia Perez Audiard
Les danses décalent le réalisme de l’action tout en s’y inscrivant, alliant sobriété et puissance. (Photo : DR.)

Emilia Perez, de Jacques Audiard.

Avec le prix collectif aux actrices du film (voir plus bas), Emilia Perez est particulièrement mis à l’honneur dans ce palmarès. C’est une bonne chose pour ce film enchanteur.

Sur le même sujet : « Emilia Perez », de Jacques Audiard (Compétition)

Prix de la mise en scène

Grand tour, de Miguel Gomez.

En 1918, un fonctionnaire de l’Empire britannique fuit sa fiancée à travers le continent asiatique. Celle-ci, plus que décidée à se marier avec lui, se lance à sa poursuite. Miguel Gomez met en écho des images documentaires qu’il a prises lui-même avec son équipe lors d’un voyage en Asie, des épisodes fictionnels tournés ostensiblement en studio et un récit en off, qui ne correspond pas forcément avec ce qui est montré, dans toutes les langues des pays traversés. Le tout en ayant recours au noir et blanc charbonneux que le cinéaste portugais avait déjà utilisé dans Tabou (2012). L’effet poétique et politique n’est pas toujours au rendez-vous, ce qui entraîne parfois le film vers un esthétisme affecté.

Prix spécial du jury

Les graines du figuier sauvage rasoulof
Mohammad Rasoulof signe une œuvre splendide et implacable, dont la teneur esthétique est à la hauteur de la portée politique. (Photo : DR.)

Les Graines du figuier sauvage, de Mohammad Rasoulof.

Le jury n’a pas osé lui attribuer la palme. Dommage !

Sur le même sujet : « Les Graines du figuier sauvage », de Mohammad Rasoulof ; Un palmarès idéal

Prix d’interprétation masculine

Jesse Plemons pour sa prestation dans Kinds of Kindness, de Yorgos Lanthimos.

Si Kinds of Kindness est une œuvre formaliste et théorique, Jesse Plemons est excellent dans ses trois rôles – le film étant composé de trois volets aux intrigues différentes.

Prix d’interprétation féminine

Karla Sofía Gascón, Zoe Saldaña, Selena Gomez et Adriana Paz pour leurs rôles dans Emilia Perez, de Jacques Audiard.

C’est parfait !

Sur le même sujet : « Emilia Perez », de Jacques Audiard (Compétition)

Prix du scénario

The Substance, de Coralie Forgeat

Une vedette vieillissante de la télévision, interprétée par Demi Moore, violemment mise au rebut, conclut un pacte faustien en s’injectant une mystérieuse substance pour produire un avatar d’elle-même beaucoup plus jeune (Margaret Qualley). Mais l’expérience tourne mal et le film vire au gore dont la dimension toujours plus spectaculaire dilue peu à peu la charge féministe.


Voici cette édition du festival de Cannes qui s’achève, et avec elle cette chronique quotidienne. Merci de l’avoir suivie, et à mercredi sur le site et jeudi dans l’hebdo papier pour un bilan plus étoffé de Cannes 2024. Tous les articles concernant ce millésime sont à retrouver ici.


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