Grève du 1er octobre : une mobilisation « pour imposer un rapport de force »

À l’appel de trois organisations syndicales (CGT, Solidaires, FSU), plus de 180 cortèges ont défilé dans toute la France mardi 1er octobre, jour du discours de politique générale prononcé par Michel Barnier. 170 000 personnes ont défilé selon la CGT.

Thomas Lefèvre  • 2 octobre 2024 abonné·es
Grève du 1er octobre : une mobilisation « pour imposer un rapport de force »
Kandé (à gauche), avec d'autres femmes de chambre de l'hôtel Campanile de Pont de Suresnes, en grève depuis le 19 août 2024.
© Thomas Lefèvre

Quelques heures avant le discours de politique générale de Michel Barnier, ce mardi 1er octobre, plusieurs milliers de manifestants remplissent le Boulevard Arago, à Paris, dès 13 heures. Répondant à l’appel de la CGT, de Solidaires et de la FSU, plus de 180 cortèges se sont élancés dans toute la France, selon les syndicats.

C’est important de se mobiliser dès le premier jour du gouvernement Barnier.

B. Teste

« Nous sommes ici pour que le premier ministre et son gouvernement annoncent des augmentations de salaires et des pensions de retraite, qu’ils renoncent à la réforme de l’assurance chômage et qu’ils abrogent la réforme des retraites », lance Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT. L’appréhension de la politique du nouveau gouvernement est palpable. « On pense que c’est important de se mobiliser dès le premier jour du gouvernement Barnier parce qu’on va avoir besoin d’imposer un rapport de force », prévient Benoît Teste, secrétaire général de la FSU.

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Dans le cortège, des représentants de nombreux secteurs du service public sont présents. Benjamin est technicien de recherche à l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement et syndiqué à la CGT. « La recherche est souvent un secteur invisibilisé des services publics, souligne-t-il. Il faut se battre pour améliorer tous nos services publics. »

Les situations du Liban et de la Palestine n’ont pas été oubliées dans le cortège. (Photo : Thomas Lefèvre.)

Pour lui, la nomination de Michel Barnier et son gouvernement représentent « un affront démocratique qui ne présage rien de bon pour nos services publics. » Ses mots résonnent dans un contexte où la menace des coupes budgétaires pèse sur de nombreux secteurs. Une inquiétude confirmée par le discours du premier ministre plus tard dans l’après-midi, qui déclare que « le premier remède à la dette, c’est la réduction des dépenses. »

On milite pour une augmentation des salaires.

Kandé

L’amélioration du niveau de vie de certains retraités constitue une priorité parmi les revendications d’aujourd’hui selon la secrétaire générale de la CGT. « Les retraités sont les premiers pénalisés par le recul des services publics, détaille Sophie Binet, notamment sur l’enjeu de l’accès aux soins ». Un certain nombre d’entre eux sont présents dans le cortège. Parmi ces derniers, Jacqueline, retraitée de la fonction publique et syndiquée CGT depuis 1966, est présente ce jour et demande, comme sa centrale, « une augmentation des salaires et des pensions de retraite et une amélioration des services publics. »

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« On milite pour une augmentation des salaires » confirme Kandé, femme de chambre à l’hôtel Campanile de Pont de Suresnes et syndiquée CGT-HPE. Un petit groupe d’une dizaine de salariés de cet hôtel s’est joint à la mobilisation en ce mardi ensoleillé. Ces membres du personnel sont en grève depuis le 19 août 2024, « contre le licenciement d’une collègue ayant perdu son titre de séjour et pour une amélioration de nos conditions de travail », explique-t-elle.

Ne rien lâcher

Le nombre de personnes dans les rues est en dessous des espérances des syndicats. « Ce ne sera pas une mobilisation à la hauteur de ce qu’il faudrait qu’elle soit », admet Julie Ferrua, codéléguée générale de Solidaires. Sophie Binet se dit même « inquiète de constater une grande fatigue démocratique sur les lieux de travail ». Le tout dans une « situation d’attentisme que Macron a instauré depuis les Jeux olympiques », d’après Murielle Guilbert, codéléguée générale de Solidaires.

Malgré une mobilisation en demi-teinte, les organisations syndicales promettent : ce n’est que le début d’un rapport de force amené à s’élargir. (Photo : Thomas Lefèvre.)

Plusieurs manifestants font également état d’une peur de manifester, à la suite des propos autoritaires du ministre de l’Intérieur et « premier policier de France », Bruno Retailleau. La ligne politique de ce dernier, de droite dure, pourrait signifier des répressions violentes dans de futurs rassemblements, selon plusieurs manifestants.

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Le discours xénophobe du ministre de l’Intérieur alarme également les syndicats étudiants. « On a beaucoup d’inquiétudes vis-à-vis du nouveau gouvernement, notamment sur les questions d’immigration », souffle Éléonore Schmitt, porte-parole de l’Union étudiante. Elle précise que les étudiants se reconnaissent « dans les revendications autour des services publics, notamment par rapport à l’enseignement supérieur, détruit par les gouvernements sous la présidence de Macron ».

Ce n’est que le début

Malgré une mobilisation en demi-teinte, les organisations syndicales promettent : ce n’est que le début d’un rapport de force amené à s’élargir, notamment avec les autres syndicats, CFDT en tête, absents des cortèges ce mardi. « Ce n’est certainement pas la fin de l’intersyndicale », assure Sophie Binet. Une vision partagée par les responsables syndicaux des autres organisations présentes. « Une intersyndicale se réunira ce soir, après la déclaration de politique générale de Michel Barnier, qui va ramener du concret », annonce Murielle Guilbert, codéléguée générale de Solidaires.

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Benoît Teste tient le même discours : « On va réussir à élargir l’intersyndicale. On a écrit des choses sur le fond de ce qu’on partage ». Les différents syndicats présents ce mardi se veulent rassurants quant aux relations entre les différentes organisations. Tous insistent sur l’importance d’un rapport de force face au patronat, et, surtout, face au gouvernement Barnier, qui s’inscrit dans la droite ligne du macronisme.