Contre le chaos Trump, une autre mondialisation

Une autre voie existe entre le libre-échange généralisé et dévastateur qui s’est imposé jusqu’ici et le protectionnisme brutal et autoritaire du président américain.

Dominique Plihon  • 7 mai 2025
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Contre le chaos Trump, une autre mondialisation
© Igor Omilaev / Unsplash


Le chaos qu’a créé Donald Trump en décrétant des hausses agressives de droits de douane aux frontières états-uniennes constitue une opportunité pour réorganiser l’économie mondiale sur des bases alternatives. Une autre voie existe entre le libre-échange généralisé et dévastateur qui s’est imposé jusqu’ici et le protectionnisme brutal et autoritaire du président américain.

Cette voie alternative peut être définie sous le terme de souveraineté, qui concilie la priorité donnée aux territoires et la solidarité entre les peuples, et qui vise à assurer en priorité la protection de l’emploi, du climat et de l’État-providence, à l’inverse de la mondialisation néolibérale. La souveraineté implique de créer et de préserver des espaces de décision politique démocratique aux échelles locales, nationales et régionales.

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Vue comme une nouvelle conception de la mondialisation, la souveraineté peut s’appliquer à de nombreux domaines tels que l’alimentation, la santé, l’énergie ou la culture. Nous mettrons l’accent, dans cette chronique, sur les souverainetés alimentaire et culturelle, qui s’imposent particulièrement face aux dérives actuelles de la mondialisation.

Ce n’est pas un hasard si Donald Trump s’attaque avec virulence à la stratégie de souveraineté culturelle française.

Initiée au sommet de l’alimentation de 1996 par Via Campesina, une des premières organisations altermondialistes, la souveraineté alimentaire est définie comme le droit des peuples à décider de leurs stratégies pour garantir la sécurité de leur alimentation, en prenant en compte leurs effets sur la planète et les autres peuples. Le mérite de la souveraineté alimentaire est de favoriser la production locale, permettant une relation de proximité avec les consommateurs, et de prendre en compte les dimensions sociale, sanitaire et écologique de l’alimentation.

Une démarche à l’opposé du modèle productiviste dominant imposé par les multinationales de l’agro-industrie. La souveraineté alimentaire implique la mise en œuvre de nouveaux accords internationaux d’échange et de coopération équilibrés, garantissant aux pays du Sud des conditions favorables à leur développement.

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Défendre la souveraineté culturelle est également devenu essentiel dans le contexte du capitalisme numérique dominé par les Gafam. La priorité est ici de préserver la diversité des cultures face à la prise de pouvoir des monopoles numériques. La France a su se doter d’un ensemble de règles et d’institutions permettant de promouvoir ce qui est souvent qualifié d’« exception culturelle » : c’est le cas de l’aide publique à la création artistique, qui joue un rôle important notamment pour le cinéma, et du régime des intermittents du spectacle, essentiel pour protéger les acteurs de la culture.

Ce n’est pas un hasard si Donald Trump, qui n’hésite pourtant pas à ériger des frontières pour protéger l’économie états-unienne, s’attaque avec virulence à la stratégie de souveraineté culturelle française, considérée comme un obstacle à l’hégémonie culturelle des États-Unis.

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