« Ça se relit », épisode 1 : Clémence Guetté et Louise Michel
Cet été, Politis demande à de nombreuses femmes de gauche un discours à découvrir… ou redécouvrir. Pour ce premier épisode, la vice-présidente insoumise de l’Assemblée nationale Clémence Guetté lit Louise Michel, la Communarde.

© Vanessa Martineau pour Politis
Il y a cent quarante-deux ans, Louise Michel écrivait : « Je suis ambitieuse pour l’humanité. » La toute première fois que j’ai lu ces mots, j’ai été touchée par la manière dont cette phrase capture l’essence du projet de toutes celles et ceux qui, avant et après elle, ont aspiré à transformer radicalement le monde. On ne s’engage pas en politique sans être mû par un désir profond de résistance face à l’ordre établi, sans aspirer à la victoire prochaine du peuple et sans vouloir tout changer.
Cette exigence de porter une « ambition pour l’humanité », et de l’emporter pour imposer un horizon collectif émancipateur, est le fil rouge qui traverse nos luttes et les unit à travers l’histoire. C’est ce qui fait de l’insoumission l’une des héritières de la Commune de Paris et des révoltes populaires qui ont valu à Louise Michel d’être jugée pour avoir volé du pain. C’est cette aspiration à un monde où règnent « la liberté et l’égalité » qui fonde notre projet révolutionnaire.
Cette ambition est aussi une colère contre celles et ceux qui, par leurs trahisons et leurs compromissions avec l’ordre dominant, ont participé à l’essor d’un capitalisme financiarisé, de plus en plus violent, qui broie les corps et les vies sur son passage. Elle nous unit avec « les gens dégoûtés de la triste comédie que depuis tant d’années nous donnent les gouvernants ».
Cette violence sociale s’accompagne d’une violence politique insupportable qui empêche le peuple de dire « qu’il meurt de faim »
Ceux qui savent que « le peuple n’a ni pain ni travail », et que l’unique avenir que l’oligarchie prépare activement pour les Français, c’est la « guerre », la guerre sociale. En découvrant la plaidoirie de Louise Michel, j’ai été frappée par la justesse de ses mots pour décrire ce que je vivais et voyais autour de moi avant de m’engager. Leur pertinence m’a à nouveau frappée en relisant ce texte.
Aujourd’hui, un Français sur trois se prive de nourriture pour nourrir ses enfants, et il y a deux fois plus de travailleurs précaires qu’il y a quarante ans. Cette violence sociale s’accompagne d’une violence politique insupportable qui empêche le peuple de dire « qu’il meurt de faim », qu’il ne s’en sort pas, et que ça suffit. La répression du mouvement des gilets jaunes, des manifestations « sauvages » contre la réforme des retraites, des mouvements pour la paix et la fin du génocide à Gaza, c’est « la liberté […] avec cinq ans de bagne au bout » dont parle Louise Michel.
Mais être ambitieuse pour l’humanité, c’est aussi savoir que le peuple français est un peuple révolutionnaire. Demain, il fera la révolution citoyenne et la VIe République, « où tout le monde peut consommer ce qui est nécessaire à ses besoins ». Demain, nous l’emporterons et « le genre humain sera heureux ».
Notre ambition, ce n’est pas de gouverner pour gouverner. C’est de permettre aux gens d’avoir une vie plus douce et digne, dans laquelle ils n’ont pas besoin de choisir entre se nourrir et nourrir leur enfant, et dans laquelle la devise « liberté, égalité, fraternité » n’est pas une phrase abstraite gravée sur les mairies, mais une réalité sociale et politique.
La plaidoirie de Louise Michel devant la Cour d’assises de la Seine, le 22 juin 1883.
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