Rêver et espérer… sur la route du Tour

Chaque année, le Tour de France constitue le second événement sportif mondial par le nombre de public rassemblé. Que nous dit cette ferveur populaire ?

Catherine Tricot  • 11 juillet 2025
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Rêver et espérer… sur la route du Tour
Le Tour de France, en 2018.
© Arni Svanu Danielsson / Unsplash

Pourquoi chaque jour du mois de juillet, nous sommes des millions à regarder le Tour de France ? Rituel du début de l’été, il a une popularité au-delà des frontières nationales ; dans les pubs anglais ou irlandais, les bars à tapas espagnols et les fast-foods américains, il n’est pas rare que les paysages de France défilent sur les télés. Tous admirent le courage de ces cyclistes. Chacun a fait personnellement l’expérience de la difficulté de ce sport.

Le tour de France évoque encore un pays qui aime se souvenir du Front populaire.

Monter un col, sans renfort électrique ? J’avoue ne pas pouvoir. Alors, chapeau les gars ! On vous salue et vous admire. Cela fait plus d’un siècle qu’il en est ainsi, que l’on se presse sur les routes pour vous regarder passer et vous encourager… Avec la glacière, la musique, les enfants et les vieux, on vous attend vous et toute la kermesse qui vous accompagne. Malgré ses dérives commerciales, malgré le sport business qui ici aussi s’impose… on veut encore y croire et garder vivante cette image d’Épinal de la fête populaire. Triste celui ou celle qui s’en gausse.

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Une tradition plus vivante même que le bal du 14 juillet. Elle n’appartient pas aux esprits rances qui voudraient s’en prévaloir. Le tour de France évoque encore un pays qui aime se souvenir du Front populaire, de la conquête des vacances à laquelle la bicyclette reste attachée. C’est aussi pour cela que l’on n’a pas du tout, mais pas du tout, aimé ces sales histoires de dopage. Le vélo, c’est simple comme un effort porté par tout le corps sur la pédale d’une machine élémentaire. Et ça marche et on avance. Magie de l’enfance.

Une histoire des jours heureux

Le Tour de France c’est une histoire de jours heureux où l’argent, le bruit, la vitesse sont contenus. C’est la redécouverte de la richesse magnifique des paysages et de la nature. Mon Dieu que c’est beau une rivière qui coule au fond d’une vallée, ce pont de pierre ou de fer qui l’enjambe, ces sommets et ces clochers qui découpent le ciel. Fou celui qui n’est pas de cette foule sentimentale qui a soif d’idéal.

Ce patrimoine n’appartient pas à l’extrême droite qui met en scène sa France.

Le tour de France c’est le début des vacances, ce temps enfin libre où l’amour, la sieste, l’apéro, la partie de cartes… c’est quand on veut. C’est ce moment où l’on revoit la famille, prend du temps avec les enfants et les amis. Où l’on se souvient aussi que la France est un pays de si longue urbanisation, plus de mille ans de petits villages parfois devenus des bourgs ou des villes, qui ont accumulé les traces matérielles de nos cultures. Vous savez ce que nous faisons l’été, vous, moi, nous tous ? Nous visitons les églises, les châteaux, les remparts, les ruelles des centres anciens. Nous dégustons les spécialités locales. Nous sommes, tous, la France avec la richesse de son histoire

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Et c’est dans tout ce patrimoine, sa langue, ses langues, ses architectures splendides et vernaculaires, ses paysages mille fois façonnés, ses cuisines, ses danses que nous nous reconnaissons individuellement et collectivement. Si nous croyons en nous c’est dans ce passé, dans la culture, dans ce goût de la vie que nous puisons les forces d’inventer et construire le futur.

Ce patrimoine n’appartient pas à l’extrême droite qui met en scène sa France, et raconte les paysages débarrassés d’éoliennes – mais pas de centrales nucléaires… Le patrimoine, changeant, riche, ancien et moderne est devenu l’enjeu d’une guerre culturelle. Il dit notre richesse matérielle et immatérielle. Il appartient au monde qui le regarde au travers de la télé… et à nous aussi.

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Parti pris

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