Aux États-Unis, vacarme des armes et silence sur leur interdiction

La prolifération des armes et tueries à répétition font des États-Unis une exception avec 503 fusillades de masse en 2024. Alors que l’extrême droite concentre l’essentiel des homicides politiques, Donald Trump continue de cibler la « gauche radicale » comme étant le bord politique le plus violent.

Maxime Sirvins  • 15 septembre 2025
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Aux États-Unis, vacarme des armes et silence sur leur interdiction
© Maxime Sirvins

Les États-Unis vivent avec un niveau d’armement civil hors norme et des fusillades de masse qui rythment l’actualité. D’après Gun Violence Archive, on dénombrait 271 fusillades de masse en 2014 (au moins quatre personnes tuées ou blessées, sans compter le tireur), un pic à 689 en 2021, puis encore 503 en 2024.

Quand les homicides ont un mobile politique, ils proviennent très majoritairement de l’extrême droite. Sur 2014-2023, l’ADL (Anti-Defamation League), recense 442 morts liées à l’extrémisme, dont 76 % attribuées à l’extrême droite. En 2023, 17 personnes ont été tuées dans sept affaires. Des suprémacistes blancs sont responsables de 11 de ces victimes.

Malgré ces chiffres, la politique fédérale reste bloquée. Le débat s’enflamme autour des fusils d’assauts après plusieurs massacres, dont le AR-15, devenu un symbole pour une partie de la droite qui défend coûte que coûte le second amendement de la Constitution. En 2022, Joe Biden avait tenté d’interdire ces armes sans y parvenir alors qu’une interdiction en vigueur depuis 1994 avait expiré en 2004.

Deux armes à feu par adulte aux États-Unis

L’opinion, elle, est plus nuancée d’après le Pew Research Center. Environ un tiers des adultes américains déclarent posséder personnellement une arme et 42 % vivent dans un foyer armé. Une majorité d’Américains souhaite des lois plus strictes, et 61 % estiment qu’il est trop facile d’acheter légalement une arme. Il existe toutefois un accord pour empêcher les personnes souffrant de troubles mentaux d’acheter des armes (88 % des républicains ; 89 % des démocrates).

Sur le reste, la fracture est nette. Les Démocrates soutiennent très largement l’interdiction des fusils d’assaut et des chargeurs de grande capacité (85 %), quand la majorité des Républicains s’y oppose. À l’inverse, 74 % des Républicains veulent armer les enseignants à l’école (contre 27 % des démocrates) et élargir les lieux où le port dissimulé est autorisé. D’après la base de données sur les fusillades dans les écoles primaires et secondaires, K-12 School Shooting Database, il y a eu 330 incidents en 2024 pour 81 victimes.

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Cette polarisation tient aussi à la place particulière de l’arme à feu dans la culture politique américaine. Pour les uns, c’est un outil de protection personnelle, voire un symbole de liberté et d’autonomie face à l’État fédéral. Pour les autres, la prolifération des armes accroît le risque de violences, qu’il s’agisse de fusillades tragiques, de violences domestiques ou de suicides, qui représentent une part importante des morts par armes. Gun Violence Archive comptabilise 24 156 suicides sur les 41 030 morts par arme à feu en 2024.

Le débat américain sur les armes à feu se joue autant sur l’ampleur des tueries de masses que sur le nombre d’armes en circulation. Il y a environ deux armes à feu par adulte aux États-Unis. « Les armes sauvent des vies », disait Charlie Kirk en 2018, avant d’être abattu le 10 septembre 2025.

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Monde
Publié dans le dossier
Trump : Make America Violent Again
Temps de lecture : 3 minutes
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