« L’Intérêt d’Adam », la force de l’empathie
Laura Wandel met en scène une infirmière-courage à l’hôpital.
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© Maxence Dedry
L’Intérêt d’Adam / Laura Wandel / 1 h 13.
On ne compte plus les films – de fiction ou documentaires – rendant hommage au personnel soignant des hôpitaux. Au cours de ces deux dernières années, sont déjà apparus sur les écrans Sauve qui peut (2025), Madame Hoffman (2024) ou État limite (2024). S’y ajoute aujourd’hui L’Intérêt d’Adam, deuxième long métrage de la réalisatrice belge Laura Wandel.
Infirmière, Lucy (Léa Drucker) est intriguée par une jeune mère, Rebecca (Anamaria Vartolomei), et son fils de 4 ans, Adam (Jules Delsart), hospitalisé pour carence alimentaire, imposée par cette dernière. Lucy, percevant que la jeune femme est à la dérive – et rétive a priori à toute aide extérieure –, se met en tête de secourir l’une comme l’autre.
On retrouve ici la mise en scène immersive qui caractérisait le premier long de la cinéaste, Un monde (2022), se déroulant dans une école primaire. Dans le huis clos de l’hôpital, la caméra suit Léa Drucker, excellente comme toujours, souvent filmée de dos: bonjour les Dardenne ! Nous voici embarqués au rythme du travail de l’infirmière, moins trépidant que laminant. Et comme chez les grands frères belges, les questions sociales surgissent rapidement dans le cadre professionnel, l’empathie de Lucy envers Rebecca la mettant rapidement en porte-à-faux avec ses supérieurs et le règlement du service.
Effet de vérité
Ce mode de tournage, qui multiplie les plans séquences, a été exigeant pour les deux comédiennes principales, la réalisatrice reconnaissant en outre qu’elle a multiplié le nombre de prises. Ainsi, la fatigue des personnages – Lucy par son travail, Rebecca en raison de son état – a correspondu à celui des actrices, ce qui ajoute vraisemblablement à l’effet de vérité ressenti.
Mais, au-delà, il y a la fiction, qui avance malheureusement selon une ligne toute tracée, avec même une ou deux facilités de scénario. Ce point final vers lequel le film avance sans surprise apporte une touche rassurante, là où la description des énormes limites de l’hôpital n’esquissait aucune solution. Par sa ténacité, par son sacrifice (sur sa vie personnelle), Lucy, agissant seule contre le système, est une héroïne puissance 10. Le cinéma, surtout de fiction, les adore. Mais qu’en est-il des collectifs héroïques ?
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