Le 22 novembre, nous ne marcherons ni avec l’extrême droite ni avec les sionistes !
Cette tribune a été rédigée par une inter-organisation féministe antiraciste, anticoloniale, antifasciste composée des collectifs suivants : #NousToutes IDF, Le CLAF, Du Pain et des Roses, Extinction Rebellion France, Feministes révolutionnaires, Jeunes Écologistes IDF, Observatoire des violences dans l’enseignement supérieur, OuTrans, Relève féministe, Revolution féministe Versailles, Tsedek !, Urgence Palestine.

© Lily Chavance
Dans un contexte d’avancée de l’extrême droite en France, nos mouvements féministes sont menacés. L’instrumentalisation de nos luttes par les collectifs Némésis, Nous Vivrons et leurs soutiens constitue une offensive réactionnaire. Leur idéologie islamophobe, négrophobe, nationaliste et impérialiste s’oppose à tout ce que nous défendons. Ces collectifs agissent avec la complicité d’un État qui les soutient et les protège. Face à cela, une riposte collective ferme s’impose ce 22 novembre.
Contre le fémonationalisme, pour un féminisme de l’émancipation
Némésis est un groupuscule raciste, anti-avortement, transphobe, proche de courants néonazis, soutenu notamment par Éric Zemmour, Sarah Knafo et Bruno Retailleau, qui fait des hommes racisés la principale menace pesant sur les femmes blanches et réclame leur expulsion massive. Leurs militantes racialisent les violences sexistes et sexuelles en passant sous silence toutes celles qui ne servent pas leur agenda raciste : celles au sein de la famille, celles exercées au travail, ou encore celles commises dans les établissements privés catholiques.
Soutenu par des élu·es et le gouvernement, le collectif Nous Vivrons instrumentalise pour sa part la question des violences sexistes et sexuelles et de l’antisémitisme pour défendre un agenda colonial : ses militant·es relaient la propagande israélienne, nient le génocide en Palestine et passent sous silence les violences et tortures sexuelles commises par l’armée génocidaire israélienne sur les Palestinien·nes.
Depuis sa création au lendemain du 7 octobre 2023, Nous Vivrons a consacré l’essentiel de son énergie militante à criminaliser le mouvement de soutien à la Palestine, à travers des accusations fallacieuses d’antisémitisme ou d’apologie du terrorisme, l’utilisation d’une rhétorique islamophobe et en véhiculant l’idée fausse que les femmes juives ne seraient pas les bienvenues aux manifestations féministes. Cette accusation est indigne : nos cortèges accueillent de manière indiscriminée toutes les personnes désirant lutter contre le patriarcat, le racisme et le colonialisme.
Depuis leur création, ces deux groupes mènent des campagnes de diffamation médiatique pour diaboliser nos luttes et accompagner la répression croissante de notre mouvement, en se revendiquant féministes pour donner un vernis acceptable à leurs idéologies nationalistes, racistes et impérialistes ; leur combat fémonationaliste étant l’ennemi du nôtre, nous n’accepterons jamais de manifester à leurs côtés.
Les manifestations féministes en danger
Depuis l’imposition de leur présence dans nos cortèges par une forte escorte policière le 23 novembre 2024, nos espaces sont menacés par l’extrême droite, les émanations du bloc bourgeois et les soutiens inconditionnels à un État génocidaire. Le 7 mars 2025, le ministre de l’Intérieur a tenté d’interdire la manifestation parisienne féministe radicale de nuit. Le lendemain, le 8 mars, toutes les organisations de la manifestation féministe parisienne avaient décidé de ne pas défiler avec Némésis et Nous Vivrons. Ce jour-là, malgré une répression sans précédent pour un rassemblement féministe, et de multiples charges policières, notre unité nous a permis d’obtenir une importante victoire politique en obtenant que ces deux collectifs ne marchent pas avec nous.
L’État ne se contente pas de tolérer la présence de groupes identitaires dans les manifestations féministes : il la facilite, la protège et met en danger les manifestant·es en déployant d’importants dispositifs policiers pour les escorter et en autorisant la présence d’une sécurité privée armée, qui violente les manifestant·es.
Nos espaces sont menacés par l’extrême droite, les émanations du bloc bourgeois et les soutiens inconditionnels à un État génocidaire.
Il s’agit d’insister et d’acter : la police favorise la répression et la violence contre les cortèges féministes. En juin 2025, la Marche des Fiertés parisienne a elle aussi subi une tentative d’intrusion d’un collectif homonationaliste et a dénoncé la complaisance des pouvoirs publics envers la présence de l’extrême droite dans nos manifestations, sans égard pour les valeurs que nous portons : antiracistes, antifascistes et anticoloniales.
Sous couvert d’« ordre public », ces interventions compromettent la liberté de manifestation et le sens même de nos luttes. Il s’agit en réalité d’un choix politique du gouvernement, visant à permettre à l’extrême droite de gagner du terrain. Contre cette récupération, nos manifestations doivent rester des espaces de solidarité et de résistance face à tous les systèmes d’oppression.
Le 22 novembre, manifestons pour un féminisme antiraciste, antifasciste et antisioniste.
Il ne peut y avoir de féminisme qui hiérarchise, qui reproduit les oppressions du patriarcat, du capitalisme, de l’impérialisme, qui ne lutterait pas pour l’égalité, la libération et l’autodétermination de toutes et tous.
Ce 22 novembre, il nous faudra dénoncer les violences patriarcales et les violences de genre, défendre la libération totale de la Palestine, revendiquer la liberté de circulation et la régularisation de toutes les personnes sans papiers, et exiger des investissements massifs dans les services publics. Rendez-vous le 22 novembre dans la rue, afin de le crier haut et fort : nous ne céderons pas d’un centimètre face aux fémonationalistes !
Signataires
Organisations :
- AFA Paris Banlieue
- Assemblée féministe transnationale
- Black History Month
- Boussole féministe
- Comité Palestine Paris 1
- FC Contre Attaque
- Doulas radicales
- Décollectif féministe
- Du pain et des roses
- Extinction Rébellion Paris
- Féministes révolutionnaires
- Jeunes Ecologistes IDF
- Ka Ubuntu
- Kessem, collectif de féministes juives décolonial
- Khlass les Clichés
- Collectif en Lutte pour l’Autodétermination Féministe (CLAF)
- Le Poing levé
- Les Mariannes anonymes
- Les soulèvements de la terre IDF
- Ligue Panafricaine – UMOJA section France
- Mouvement des mères isolées
- Nous Toutes IDF
- NPA-l’Anticapitaliste
- Observatoire des violences dans l’enseignement supérieur
- Outrans
- QG décolonial
- Relève Féministe
- Révolution féministe Versailles
- Révolution Permanente
- Samidoun Paris banlieue
- Solidaires Etudiant-e-s
- Stop Aux Violences d’Etat (SAVE)
- Thousand Madleens Paris
- Tsedek!
- Union Juive Pour la Paix (UJFP)
- Urgence Palestine
Personnalités :
- Alain Fride, comédien
- Alexandra Pianelli, réalisatrice
- Alice de Rochechouart, autrice, podcasteuse (« Le Phil d’actu »)
- Anasse Kazib, cheminot, porte-parole de Révolution Permanente
- Annie Ernaux, autrice féministe
- Ariane Anemoyannis, porte-parole du Poing Levé
- Arianne Labed, actrice
- Ariella Aïcha Azoulay, historienne, réalisatrice
- Aurore Koechlin, universitaire
- Bettina Zourli, autrice
- Cécile Cée, autrice, activiste et illustratrice
- Claire Touzard, journaliste
- Clémentine Poidatz, comédienne
- Dominique Natanson, militant juif décolonial
- Dror Warschawski, auteur
- Elsa Marcel, avocate, porte-parole de Révolution Permanente
- Émilie Deleuze, réalisatrice
- Fanny Gallot, historienne
- Fiona Schmidt, autrice féministe
- Florence Mendez, autrice, humoriste
- Françoise Vergès, politologue, historienne et féministe
- Geneviève Rail, professeure en études féministes
- Habibitch, danseuse, militante
- Houria Bouteldja, militante décoloniale
- Isabelle Stengers, philosophe
- Ismahane Chouder, féministe antiraciste
- Jacques Trief, militant syndicaliste
- Judicaëlle Perrot, réalisatrice
- Juliette Dupuis, photographe documentaire
- Khadija La Combattante, activiste VSS
- Léane Alestra, autrice
- Marie Lemarchand, comédienne
- Marie-Coquille Chambel, militante #MeToo théâtre
- Mengistu Raya-Mulu, activiste contre le trafic à l’adoption
- Michèle Boumendil, avocate
- Michèle Sibony, militante antisioniste
- Mirabelle Thouvenot, militante décoloniale
- Morgane Merteuil, autrice
- Nawel Gafsia, avocate aux droits des étrangers
- Patricia Mazuy, réalisatrice et scénariste
- Samah Karaki, autrice
- Sara R. Farris, autrice, féministe marxiste
- Sasha Yaropolskaya, porte-parole de Du pain et des roses
- Sirine Sehil, élève en droit, militante
- Sophie Mendelsohn, psychanalyste
- Tom Baquerre, Collectif Combat Monsanto
- Vinca Delamare Deboutteville, psychologue
- Virginie Despentes, autrice
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