À l’hôpital, à la fac ou dans la rue : faire front contre l’extrême droite, le fascisme et le racisme !

Face à la banalisation des idées d’extrême droite à l’université, des collectifs féministes, antiracistes, écologistes et antivalidistes appellent, dans une tribune, à la mobilisation citoyenne à gauche.

Collectif  • 5 décembre 2025
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À l’hôpital, à la fac ou dans la rue : faire front contre l’extrême droite, le fascisme et le racisme !
© Alireza Hashemi / Unsplash

Le 20 novembre 2025, a eu lieu l’un des premiers cours de l’année pour une centaine d’internes de première année de médecine générale à la faculté de Sorbonne Universités. Ce cours était animé par plusieurs médecins généralistes, dont des femmes non blanches.

À la suite d’un cas clinique, les enseignant.e.s ont posé une question ouverte à laquelle les étudiant.e.s répondaient via leur téléphone (Wooclap), leurs réponses s’affichant en direct au tableau et à la vue de toustes…

Une part significative des réponses furent des références racistes (antisémites, islamophobes, négrophobes) ou encore masculinistes et complotistes… Le nombre de propositions et leur diversité ne laisse pas de doute : ce n’est pas le fait d’une ou deux personnes.

Certaines références comme « libérez Gros lardon » ou « Vincent Reynouard » sont spécifiques à des groupuscules fascistes français. D’autres sont des références historiques de l’extrême droite française comme « Maurice Papon », ancien collaborateur et préfet, qui le 17 octobre 1961, réprima dans le sang une manifestation pacifique demandant la libération de l’Algérie.

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Il ne faut pas se tromper sur la nature et la gravité de ce qui s’est passé. Ce n’est pas simplement du racisme, de l’ignorance ou de la provocation. C’est une agression fasciste, dont le but était d’imposer un climat de terreur sur les animatrices de ce cours et les étudiant.e.s.

C’est la traduction de la prise de confiance des fascistes dans la société.

Dans cette période, en France comme à l’international, nous voyons une prise de confiance des racistes, de l’extrême droite et des fascistes. Aux États-Unis, en Italie et en Israël (pour ne citer que ceux-là) ils sont aux pouvoirs avec les conséquences que l’on connaît. En France, le Rassemblement National est présent dans toutes les télés et sur toutes les radios.

Dans nos universités, cela se traduit par la présence de plus en plus violente et affichée de groupes revendiquant leurs idées fascistes comme le GUD, ou les masquant sous un vernis de respectabilité, comme les syndicats étudiants l’UNI et la Cocarde.

En France comme à l’international, nous voyons une prise de confiance des racistes, de l’extrême droite et des fascistes.

La Cocarde est une organisation étudiante, d’extrême droite, nationaliste, antisémite, raciste et islamophobe. Elle est impliquée dans plusieurs faits de violences depuis sa création. Il n’est plus à prouver qu’elle a des liens avec des groupuscules d’extrême droite violente, de même qu’elle a des liens avec l’extrême droite politique.

La Cocarde et l’Uni sont des viviers d’assistants parlementaires pour le Rassemblement National, parti fondé par des nazis et Reconquête, le parti d’Eric Zemmour, multi condamné pour son racisme. Des étudiant.e.s ayant fait partie de groupuscules violents, sont maintenant bien implanté.e.s à l’Assemblée nationale.

À Sorbonne Université, l’agression fasciste du 20 novembre a eu lieu dans un contexte d’élection étudiante. Pour la première fois depuis six ans, la Cocarde a présenté une liste. Durant cette campagne, ils n’ont pas caché leur ligne raciste-nationaliste : lutte contre « la propagande woke », dénonciation de projets étudiants dont ils discutent « la dimension culturelle » et mise en avant de la préférence nationale « par un contrôle plus strict des admissions des étudiants étrangers » en parlant de « vecteur massif d’immigration ».

Ils s’inscrivent clairement dans la rhétorique du « grand remplacement » portée par l’extrême droite. Ainsi que, dans la lignée des attaques contre les idées progressistes, les acquis sociaux et les droits des personnes minorisées, menées par le RN. C’est dans une série de mails envoyée à l’ensemble des étudiants qu’ils ont exposé leur programme réactionnaire et raciste. Malgré les protestations, aucune mesure n’a été prise par l’université pour stopper leur propagande de haine.

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Le monde de la santé n’est pas épargné. C’est un champ de bataille politique. Historiquement, le corps médical est particulièrement perméable aux idéologies fascistes et à leurs présupposés racistes. Ce fut les médecins qui ont rejoint avec le plus d’enthousiasme le parti Nazi dans les années 30, avec 65 % d’adhésion des médecins allemands non juifs. À Sorbonne université, la Cocarde l’a bien compris et a spécifiquement tracté durant la campagne électorale devant la faculté de santé. Nous faisons le lien entre cette séquence de propagande raciste qui a  eu lieu sans opposition de l’université et les violences du 20 novembre.

Comme le dit Mathias Bernard, président de l’université de Clermont-Ferrand dans un article de Médiapart : « On voit se dessiner un lien entre la recrudescence des violences et l’implantation d’une section locale de la Cocarde étudiante ». En 2022, on dénombrait plus d’une vingtaine d’actions violentes de l’extrême droite dans les universités françaises. Ce rythme semble s’accélérer et une nouvelle étape a été franchie avec l’intrusion de trois députés du Rassemblement national le 26 novembre sur le campus de l’université Sorbonne-Paris-Nord.

A l’Université comme dans le champ politique, l’extrême droite fasciste a la même stratégie : par la voie des urnes et par la force, ils chercheront à imposer leur idéologie mortifère.

Les témoignages des personnes présentes le 20 novembre ne laissent plus aucun doute. Elles décrivent un sentiment de choc, de peur et d’insécurité. C’est la stratégie des fascistes, ils passent par des démonstrations de force pour masquer le fait qu’ils soient minoritaires. Leurs menaces explicitement racistes, islamophobes, antisémites ont un impact bien réel sur les personnes minorisé.e.s, qui vivent avec la peur permanente, l’anxiété, le stress chronique et l’hyper vigilance.

Par la voie des urnes et par la force, ils chercheront à imposer leur idéologie mortifère.

Ce type d’actions cherche à les faire disparaître des espaces où veulent s’implanter l’extrême droite et les fascistes. Leur stratégie pour imposer un climat de terreur par l’intimidation et la violence a pour objectif notre silenciation par l’auto-censure. L’absence de réponse que leurs méthodes entraînent, participe à la banalisation de leurs idées.

Comprendre leur stratégie doit nous pousser à réagir ! La montée du fascisme et des idées d’extrême droite n’est pas une fatalité !

Ne restons pas isolé.e..s dans la peur. Montrons-leur que nous sommes nombreux.ses, occupons l’espace avec nos idées, nos valeurs, notre solidarité !

A toutes celles et tous ceux qui comme nous veulent se battre pour la vie et contre l’idéologie mortifère de l’extrême droite et des fascistes, nous disons : organisons nous !

Continuons à faire de nos lieux de formations et de travail des espaces inclusifs. Pour cela nous devons systématiquement répondre collectivement à chaque attaque et agression raciste et fasciste. Nous devons empêcher par tous les moyens les semeurs de haines de s’organiser et occuper le moindre espace.

L’extrême droite et les fascistes se construisent sur la passivité de la majorité. Nous avons toustes une responsabilité à agir. Que ce soit en prenant soin des personnes minorisées qui nous entourent, en alertant des tentatives d’intimidation, en investissant les syndicats étudiants, professionnels, les collectifs de luttes féministes, antiracistes, antivalidistes…

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Les collectifs et individus signataires de ce texte portent les revendications communes suivantes :

– Les cursus des étudiant.e.s en médecine sur l’ensemble du territoire doivent inclure des enseignements OBLIGATOIRES sur les discriminations en santé et les moyens de lutter contre. Pour cela les universités doivent travailler avec les associations et collectifs qui portent ces valeurs. 

– Les personnels des universités et leurs services de santé doivent être formés pour prendre en compte l’impact des discriminations sur le bien-être des étudiants et leur investissement dans leurs études.

– Des dispositifs doivent être mis en place pour protéger les étudiant.e.s victimes d’agressions en classe ou sur leur lieu de stage.

– Sorbonne Université et l’ensemble des universités françaises doivent tirer les conséquences de ce qui s’est passé et interdire la présence des organisations étudiantes fascistes que sont la Cocarde et l’UNI au sein des facultés.

Au-delà des réponses institutionnelles, nous avons toutes et tous la possibilité de réagir et de nous mobiliser contre le fascisme et l’extrême droite.Retrouvons-nous le 18 décembre à 13h devant la faculté de médecine de Sorbonne universités (91 boulevard de l’Hôpital, Paris 75013), pour un rassemblement contre le racisme, l’extrême droite avant un départ commun à 14h vers la place de la République où se tiendra un rassemblement pour la journée des droits des migrant.e.s.


Signataires

  • Assemblée pour des soins antiracistes et populaires
  • Le Poing Levé 
  • Scientifiques en Rébellion 
  • Observatoire Féministe des Violences Médicales 
  • Corps Dissidents
  • Collectif étudiant en santé « Pour une Santé Engagée et Solidaire »
  • Syndicat national des jeunes médecins généralistes 
  • Balance Ton boss
  • Stop aux Violences Obstétricales et Gynécologiques (StopVOG)
  • Féministes contre le cyberharcèlement
  • Génération Panasiatique 
  • Collectif étudiant en santé « Collectif Soin »
  • Collectif étudiant en santé « Paris Ouest pour une santé inclusive, engagée et solidaire » (POPsicles)
  • People’s Health Movement France
  • Pour une Médecine engagée, unie et féministe (Pour une M.E.U.F)
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