Michel Onfray et «le troupeau»

Michel Soudais  • 5 avril 2007
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La volte-face de Michel Onfray, qui après avoir soutenu la candidature de José Bové en pince maintenant pour Olivier Besancenot, chagrine ses amis. Yannis Youlountas, philosophe lui aussi et l’un des porte parole de la campagne de José Bové, interpelle rudement l’auteur de Politique du rebelle dans une lettre ouverte que nous publions dans l’espace tribunes du site de Politis. Il y rappelle notamment qu’après avoir signé l’appel du 6 janvier en faveur de la candidature de José Bové, Michel Onfray avait cosigné avec lui un appel aux libertaires publié dans Politis , le 1er février. Yannis Youlountas aurait aussi pu citer le message vidéo enthousiaste que le philosophe hédoniste avait enregistré pour le meeting d’Aubagne, le 8 février.

Le 29 mars, sur son blog, Michel Onfray a applaudi à la proposition d’Olivier Besancenot de «rassembler sans sectarisme les forces anticapitalistes de ce pays» pour former «une opposition politique crédible en cas de victoire de la gauche molle» . Le candidat de la LCR avait fait cette proposition à Marie-George Buffet, José Bové et… Arlette Laguiller. Or, comme le décryptent plusieurs militants de la LCR, inclure Lutte ouvrière dans ce rassemblement revient à dire qu’il ne se fera pas. Que le plaidoyer unitaire du porte parole de la LCR n’est qu’une posture. Olivier Besancenot sachant fort bien que la formation d’Arlette Laguiller s’est toujours opposé au moindre rapprochement avec le PCF et encore plus avec les altermondialistes qui ont, à ses yeux, la faiblesse de vouloir seulement limer les dents du grand capital quand les moines-soldats de LO prétendent eux vouloir lui arracher toutes les dents.

Naïf Michel Onfray? En tout cas, lui, veut croire à la sincérité de l’annonce d’Olivier Besancenot. Il estime qu’il fait «la meilleure campagne à gauche de la gauche» , accusant au passage José Bové, à tort comme chacun peut le constater en se rendant dans ses meetings, de faire campagne sur des «slogans monomaniaques» comme les OGM. Que les sondages le placent «en tête du peloton antilibéral» . Et annonce qu’il se souviendra de son geste. «Y compris dans l’isoloir.»

C’est à ce philosophe vire-voltant que Yannis Youlountas répond. En craignant qu’il n’ait «choisi de revenir à la chaleur du troupeau» , «de ces troupeaux qui perpétuent la tradition de suivre les Panurges» . Au delà de son aspect polémique, la lettre ouverte du porte-parole de la campagne Bové, responsable du site unisavecbove.org, est aussi intéressante par ce qu’elle raconte des controverses entre les différents soutiens du leader paysan. Un livre de Paul Ariès, dont on peut lire des extraits sur le site de décroissance, aurait particulièrement affecté Michel Onfray. Et expliquerait son désamour.

Temps de lecture : 2 minutes
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