Marine Le Pen et « les brebis galeuses »
La présidente du FN affirme faire le ménage dans son parti. Mais elle réagit surtout quand les médias mettent en lumière des comportements extrémistes qui, sans leurs projecteurs, restent très répandus.
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Lundi soir, sur le plateau de l’émission « Mots croisés » , Marine Le Pen a affirmé avoir suspendu sans délai sa candidate aux municipales à Rethel (Ardennes). C’est exact. Dans un reportage diffusé le 17 octobre dans l’émission « Envoyé spécial » sur France 2, Anne-Sophie Leclere, candidate du FN aux législatives en juin 2012, en campagne pour les élections de mars 2014, assumait totalement un photo-montage nauséabond posté sur sa page Facebook1 associant l'image de la Garde des Sceaux Christiane Taubira à celle d'un singe. Tollé immédiat sur les réseaux sociaux. Dès le lendemain matin, le FN annonçait la suspension de cette « brebis galeuse » 2 et sa convocation devant les instances disciplinaires du parti.
Anne-Sophie Leclère n'est pas la première candidate aux municipales à être sanctionné. Début septembre, François Chatelain, futur candidat aux municipales pour le Front national dans le Nord, avait été exclu après avoir publié sur sa page Facebook un visuel dénonçant la supposé mainmise sioniste sur la France. Comme dans le cas de la candidate de Rethel, le «««dérapage»»»3 de François Chatelain avait été dénoncé dans les médias, obligeant la direction du FN à réagir. Et ce sont également des photos publiées dans les médias et sur internet qui avaient conduit, au printemps 2011, Marine Le Pen à exclure Alexandre Gabriac.
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Après l'exclusion de ce conseiller régional et de quelques membres de l'Œuvre française trop visiblement d'extrême droite, Marine Le Pen a voulu faire croire qu’elle s’était débarrassée de l’aile la plus infréquentable de son parti. Faire croire...
Pas vu, pas pris. Cela semble bien être la règle du jeu au Front national. Ca en dépit des sermons de Marine Le Pen devant les caméras (comme à Toulon, le 28 mai, en présence de TF1) et des circulaires internes, comme celle de Steeve Briois en date du 3 septembre invitant les secrétaires départementaux à «vérifier, ou faire vérifier, que les candidats aux municipales [Pourquoi seulement eux?] respectent la ligne politique du Front national sur leurs blogs ou sur les réseaux sociaux» , les débordements des «marinistes» se multiplient sur le net. Voyez par exemple ce @merkava_83 qui a menacé de viol une jeune militante du Parti de gauche, mi-septembre.
Il est forcément connu du FN varois puisqu'il le représentait sur un bureau de vote en juin 2012 et a été écouter «sa» présidente à Marseille en clôture de l'université d'été. Si Mme Le Pen veut réellement faire le ménage, elle a du pain sur la planche.