La justice européenne valide les quotas de réfugiés

La Cour de justice de l’Union européenne a rejeté, mercredi 6 septembre, les recours de la Slovaquie et de la Hongrie contre la politique visant à répartir les demandeurs d’asile sur le territoire européen.

Malika Butzbach  • 8 septembre 2017
Partager :
La justice européenne valide les quotas de réfugiés
© photo : WINFRIED ROTHERMEL / picture alliance / DPA

La Cour de de justice de l’Union européenne (CJUE) a balayé « dans leur intégralité », ce mercredi,les recours de la Slovaquie et de la Hongrie sur les quotas de réfugiés. Ceux-ci mettaient en cause le mécanisme, voté à l’automne 2015 par le Conseil européen, qui prévoyait la relocalisation obligatoire des demandeurs d’asile arrivés en Grèce et en Italie. Les pays du groupe de Visegrád (composé de la Hongrie, la Pologne, le République tchèque et la Slovaquie) s’étaient opposés à ce programme qui prévoyait, durant deux ans, de relocaliser 160 000 personnes dans différents États membres selon des quotas établis par la Commission européenne.

Des recours déboutés

Le 3 décembre 2017, la Hongrie et la Slovaquie avaient porté plainte contre ce programme arguant que cela « rognait leur souveraineté » et présentait « un danger pour l’hégémonie culturelle » de leur société. Ils avaient aussi mis en cause la validité de ce plan, arguant que le Parlement européen et les parlements nationaux n’avaient pas été consultés et mettant en doute l’efficacité de ce programme comme réponse à la « crise » migratoire.

La CJUE a répondu à travers un arrêt mentionnant que ce mécanisme « contribue effectivement et de manière proportionnée » à alléger les pays de première entrée que sont la Grèce et l’Italie. Elle a aussi justifié que cette procédure législative, nécessaire face à une situation d’urgence, était conforme à la législation communautaire.

Un contentieux européen

Le gouvernement hongrois n’a pas tardé à réagir, dénonçant « une décision irresponsable ». Le ministre des Affaires étrangères, Péter Szijjártó, a affirmé que Budapest continuerait à se « battre » contre ces quotas. Car la décision de la justice européenne ne met pas un point final au contentieux entre les pays de l’Est et les institutions européennes. En juillet, la Commission a envoyé un « avis motivé » à la Pologne, la Hongrie et la République tchèque face à leur refus total de participer à ce plan de relocalisation. Il s’agit de la deuxième étape de la « procédure d’infraction », démarche pouvant aboutir à une saisine de la CJUE ainsi qu’à des sanctions financières.

28 000 migrants relocalisés

Mais le jugement de la CJUE peut faire sourire, dans la mesure où il advient peu de temps avant la fin de ce mécanisme, le 26 septembre 2017. Au 1er septembre, moins de 28 000 migrants avaient été relocalisés sur les 160 000 prévus. La faute aux États qui n’ont pas respecté leurs obligations de solidarité et de partage, pointe l’avocat de la CJUE, Yves Bot dans Le Monde. Pour exemple, selon les chiffres de la Commission européenne publiés en mai 2017, la France avait accueilli 3 400 demandeurs d’asile. En automne 2015, elle s’était engagée en accueillir 30 000.

À lire aussi >> François Gemenne : « La France terre d’asile est une légende »

Soutenez Politis, faites un don.

Chaque jour, Politis donne une voix à celles et ceux qui ne l’ont pas, pour favoriser des prises de conscience politiques et le débat d’idées, par ses enquêtes, reportages et analyses. Parce que chez Politis, on pense que l’émancipation de chacun·e et la vitalité de notre démocratie dépendent (aussi) d’une information libre et indépendante.

Faire Un Don

Pour aller plus loin…

VIDÉO – Soutien à Nicolas Sarkozy : « Honte à la justice ! »
Reportage vidéo 22 octobre 2025

VIDÉO – Soutien à Nicolas Sarkozy : « Honte à la justice ! »

Plusieurs centaines de personnes se sont rassemblées le 21 octobre au matin dans le XVIe arrondissement de Paris pour protester contre l’incarcération de Nicolas Sarkozy. Reportage.
Par Pauline Migevant
Famille de Nahel : « On nous regarde de loin, à travers des clichés »
Entretien 22 octobre 2025 abonné·es

Famille de Nahel : « On nous regarde de loin, à travers des clichés »

Nahel Merzouk, 17 ans, a été tué le 27 juin 2023 à Nanterre du tir à bout portant d’un policier lors d’un refus d’obtempérer. Maissan, cousine de Nahel ; Atifa, sa tante ; Amir, son cousin ; et Fatiha, du collectif Justice pour Nahel, livrent un témoignage intime. La famille revient sur son combat pour la justice et ses blessures toujours ouvertes.
Par Kamélia Ouaïssa
Zyed et Bouna, 20 ans après
Décryptage 22 octobre 2025

Zyed et Bouna, 20 ans après

Depuis le décès des deux adolescents à Clichy-sous-Bois en 2005 et les révoltes qui ont suivi, les différents gouvernements n’ont cessé d’accroître le dispositif sécuritaire à chaque nouvelle tragédie. Le dialogue, lui, a été enterré depuis longtemps.
Par Kamélia Ouaïssa et Maxime Sirvins
Aux municipales, comment gauche et quartiers populaires ferraillent pour exister
Enquête 22 octobre 2025 abonné·es

Aux municipales, comment gauche et quartiers populaires ferraillent pour exister

Partout dans le pays, les collectifs et des militants des quartiers populaires se préparent à la bataille de 2026. Un scrutin qu’ils ne veulent surtout pas ignorer. Mais ils font face à un dilemme : assumer l’autonomie ou rallier des forces politiques.
Par Hugo Boursier et Lucas Sarafian