La Marche solidaire pour les migrants arrive à Paris
La marche en solidarité avec les réfugiés, partie de Vintimille fin avril, débarque à la capitale. Plusieurs milliers de manifestants sont venus l’accueillir.
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Elle a le teint bronzé et un sourire immense. Voilà 48 jours que Clémence participe à la Marche solidaire, lancée le 30 avril par les associations L’Auberge des migrants, La Roya Citoyenne et Utopia 56. Cette marche solidaire et citoyenne veut dénoncer les fermetures de frontière et le délit de solidarité, et demander un meilleur accueil. Comment ? En allant d’une frontière fermée, à Vintimille en Italie, à une autre, à Londres, le 8 juillet. Un voyage de presque 1 500 km à pied, qui entame sa 44e étape ce dimanche 17 juin. Et pas n’importe quelle étape. Les marcheurs arrivent à Paris. « C’est génial ! Tu as vu le monde qu’il y a ! », lance la jeune fille.
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D’Ivry à République
Le vendredi 15 juin, en fin d’après-midi, les marcheurs, comme ils se surnomment, sont arrivés à Villeneuve-Saint-George où ils ont pu, durant la journée du samedi, terminer les préparatifs pour le grand jour. L’enjeu était de taille : il fallait qu’il y ait du monde lors de la manifestation allant de Porte d’Ivry à place de la République en passant par celle de la Bastille.
La #MarcheSolidaire débarque à Paris ! Les marcheurs sont partis de Vintimille en Italie le 30 avril. Ils arriverons à Londres le 8 juillet. pic.twitter.com/pXD46GH0pH
— Malika (@MalikaButzbach) 17 juin 2018
Sur le pont d’Austerlitz, où les premiers soutiens se sont donné rendez-vous, François Guennoc, à l’initiative de la marche, murmure : « Jusque-là tout va bien ». De nombreuses associations sont venues en soutien au marcheurs, d’Amnesty International au DAL (Droit au logement), en passant par la Coordination Sans Papiers 75, Emmaüs, la Ligue des droits de l’homme ou encore la Cimade.
« Aquarius = déchéance morale de la France »
À la Bastille, vers 16h, les prises de paroles commencent. Elles viennent d'associations comme celle de Yann Manzi, cofondateur d’Utopia 56, ou des exilés de Paris-VIII, menacés d’expulsion. Mais des politiques sont aussi là pour soutenir l’action. « Et ça aussi c’est important, ajoute François Guennoc. Ça montre qu’une autre politique est envisageable. »
Prise de parole. François Guennoc de @AubergeMigrants, organisateur de la #MarcheSolidaire. "Nous sommes à la 44e étape de la marche. Nous marchons contre la fermeture des frontières, contre le délit de solidarité et pour un meilleur accueil des exilés" pic.twitter.com/BZCbSLOm1H
— Malika (@MalikaButzbach) 17 juin 2018
Eric Coquerel, député de la France Insoumise, Esther Benbassa, sénatrice d’Europe Ecologie-Les Verts, ainsi qu’une militante de Génération.s dénoncent la loi Asile et immigration, dont le vote est prévu la semaine prochaine au Sénat, et l’hypocrisie du gouvernement concernant l’Aquarius, le bateau de SOS Méditerranée qui a accosté le matin même en Espagne. Sur une pancarte, on peut lire « Aquarius = déchéance morale de la France ».
« Un message positif »
Arrivés place de la République, les marcheurs soufflent enfin. Le cortège est impressionnant : plusieurs milliers de personnes. Parmi elles, Marion, jeune active qui hurle les slogans : « Je suis la marche sur les réseaux sociaux, sans pouvoir y aller parce que je travaille. Du coup c’était impensable de ne pas les accueillir ici aujourd’hui. » Elle ajoute :
C’est une belle initiative, avec une forte symbolique. Et ça donne un message positif pour les réfugiés : ils voient que des gens marchent pour leur droits !
Le député FI Eric Coquerel lance, avec un sourire : « Comme quoi, il n’y a pas que des mauvais marcheurs en France ! »