9 mai : Poutine entre les lignes

Le discours du maître du Kremlin sur la place Rouge a fait mentir toutes les hypothèses, mais n’a pas rassuré pour autant.

Politis  • 10 mai 2022
Partager :
9 mai : Poutine entre les lignes
© Kirill KUDRYAVTSEV / AFP

Les commentaires spéculaient sur le message que délivrerait une date mise en pâture depuis des jours : le 9 mai, très important jour de la commémoration, en Russie, de la victoire sur le nazisme (27 millions de Soviétiques morts pendant la Seconde guerre mondiale). Vladimir Poutine, dans son discours, allait… 

Eh bien, dégonflant diverses hypothèses, il n’a pas annoncé : de déclaration (officielle) de guerre à l’Ukraine ; de nouvelle mobilisation militaire ; de menace nucléaire ; de « victoire » (ponctuelle), ni à Kherson ni à Marioupol (encore résistante). L’historien militaire Cédric Mas met en garde sur un tropisme occidentalo-centré : comme si Poutine ne s’occupait que de s’adresser, en rodomontades, aux capitales européennes. 

Sur le terrain, l’armée russe rencontre de réelles difficultés et son chef d’état-major, le redoutable Valeri Guerassimov, aurait été blessé dans le Donbass (absent remarqué, à la parade du 9 mai). Si Poutine, à la tribune, s’est contenté de poursuivre sa réécriture personnelle de l’histoire de la Russie, en situant son actualité ukrainienne dans la lignée de l’épopée soviétique antinazie, c’est d’abord pour caresser son opinion, en héroïsant les nombreux soldats russes qui meurent « pour la bonne cause », et se garder d’apparaître lourdement belliqueux aux yeux d’importants pays qui, comme la Chine, commencent à s’interroger sur l’utilité de soutenir un type qui menacerait la planète du feu nucléaire et qui assumerait ouvertement sa très sale guerre, alors que les atrocités attribuées à ses soldats se multiplient.

Monde
Temps de lecture : 1 minute
Soutenez Politis, faites un don.

Chaque jour, Politis donne une voix à celles et ceux qui ne l’ont pas, pour favoriser des prises de conscience politiques et le débat d’idées, par ses enquêtes, reportages et analyses. Parce que chez Politis, on pense que l’émancipation de chacun·e et la vitalité de notre démocratie dépendent (aussi) d’une information libre et indépendante.

Faire Un Don

Pour aller plus loin…

Rami Abou Jamous : « On a l’impression que parler de Gaza est devenu un fardeau »
Entretien 12 novembre 2025 libéré

Rami Abou Jamous : « On a l’impression que parler de Gaza est devenu un fardeau »

Un mois après le « plan de paix » de Donald Trump, le journaliste palestinien appelle les médias à ne pas abandonner Gaza, où les habitants sont entrés dans une phase de « non-vie ».
Par Kamélia Ouaïssa
En Cisjordanie occupée, les oliviers pris pour cibles
Reportage 10 novembre 2025 abonné·es

En Cisjordanie occupée, les oliviers pris pour cibles

Alors qu’Israël ne respecte pas le cessez-le-feu à Gaza, entré en vigueur le 10 octobre, la colonisation en Cisjordanie s’intensifie. Au moment de la récolte annuelle des olives, les paysans subissent les attaques violentes et répétées des colons, sous l’œil de l’armée israélienne.
Par Marius Jouanny
Moldavie : un programme pour reboiser un pays qui a perdu sa forêt
Reportage 10 novembre 2025 abonné·es

Moldavie : un programme pour reboiser un pays qui a perdu sa forêt

Considéré comme l’un des pays européens les plus vulnérables aux impacts du changement climatique et l’un des moins bien dotés en forêts, l’État moldave s’est embarqué il y a deux ans dans une aventure visant à planter des arbres sur 145 000 hectares.
Par Mathilde Doiezie et Alea Rentmeister
« Au Soudan, il faudra bien, tôt ou tard, imposer un cessez-le-feu »
Entretien 7 novembre 2025 abonné·es

« Au Soudan, il faudra bien, tôt ou tard, imposer un cessez-le-feu »

Clément Deshayes, anthropologue et chercheur de l’Institut de recherche pour le développement (IRD) et spécialiste du Soudan, revient sur l’effondrement d’un pays abandonné par la communauté internationale.
Par William Jean et Maxime Sirvins