Dans la roue de Blondin

Une évocation du Tour de France sous forme de symphonie littéraire, par l’écrivain attitré.

Jean-Claude Renard  • 14 juin 2007 abonné·es

Antoine Blondin a été le chroniqueur du Tour de France de 1954 à 1982. Par Jacques Maigne et Serge Garcin, c’est peut-être là moins un hommage à une compétition discréditée, à juste raison, qu’à un auteur, suivant une lecture buissonnière de ses chroniques. Aux images d’archives, vivier de légendes, de féeries humaines (et parfois inhumaines) s’ajoute ici une langue colorée, foisonnante, versée dans le lyrisme.

Un Blondin touché par le hurlement d’un peloton dans la descente d’un col, par la sensibilité de Bobet, son élégance frémissante, « mariage de la harpe et de la trompette » , par ces garçons poussiéreux et hagards sur la ligne d’arrivée, par une sympathie de muscles, compatissant avec les «~déserteurs~», clowns désemparés, démobilisés, dégrafés, réfugiés dans la voiture balai. Blondin considérant Poulidor comme « la trame du roman et le dénouement du drame » … Blondin gravissant les cols de la phrase en danseuse, qui gicle en fin de paragraphe, redoublant ainsi par son récit le sens du spectacle, accordant au profil de la route le braquet, le souffle juste et précis. Équilibre savant, comme un échappé solitaire, qui n’invente pas mais récrit l’histoire.

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