Courrier des lecteurs Politis 961

Politis  • 19 juillet 2007 abonné·es

Violation des droits en Nouvelle-Calédonie

En tant que porte-parole du Sénat coutumier, au nom de l’aire Djubea, que je représente, je suis révolté et indigné d’apprendre qu’il y aurait entre 700 et 1 000 élèves kanaks déscolarisés par manque de places dans les établissements scolaires, alors que les accords de Nouméa signés en 1998 avaient pour vocation fondamentale le rééquilibrage en faveur du peuple kanak ­ seul et unique victime de la colonisation française. En tant qu’enseignant à la retraite, je condamne fermement ce flagrant délit de discrimination à l’égard des enfants kanaks, et je demande le départ immédiat de Michel Barrat, vice-recteur de Nouvelle-Calédonie, ainsi que son remplacement par un conseil d’enseignement composé de Philippe Guaenere (inspecteur de l’enseignement), Eddy Wadrawane (professeur à l’IUFM) et Gilles Huliwa Ukéiwé (principal de collège).

Par ailleurs, dans le cadre du transfert des compétences, je demande la titularisation immédiate de tous les maîtres auxiliaires kanaks ayant plus de trois ans d’exercice à l’Éducation nationale, ainsi que ceux exerçant dans l’enseignement privé. Je rappelle également que, lorsque j’étais membre élu de l’assemblée territoriale en 1970, j’avais proposé, à travers la délibération du 16 décembre de la même année, l’application de la loi de 1882 rendant l’école obligatoire en Nouvelle-Calédonie. Le décret d’application de mars 1971 a permis aux Kanaks d’entrer dans l’ère de l’égalité des chances, et le comportement de Michel Barrat est une violation inacceptable de l’égalité des chances.

Gabriel Paita, porte-parole du Sénat coutumier de Nouvelle-Calédonie

Féminisme musulman

Prenez l’article de Clotilde Monteiro dans le n° 959 de Politis (« Féministes et musulmanes »). Remplacez musulmans par catholiques, islam par christianisme, Coran par Bible. Faites l’essai « pour de vrai ». Vous serez, au choix, mort de rire ou terrifié. Ou les deux. Arrêtez donc vos niaiseries avec l’islam, qui reste une religion comme les autres, aussi aliénante, aussi intolérante et aussi dangereuse que les autres.

François Lartigau, courrier électronique

Penser que les religions et leurs pratiques sont monolithiques, ou toutes comparables, est une erreur. Ne vous trompez pas d’ennemi, ces femmes dénoncent les abus du pouvoir patriarcal qui s’étendent au-delà de la sphère spirituelle… Ledébat n’est évidemment pas religieux, il est d’abord social et politique.

C. M.

Pas d’accord avec Lipietz

Depuis le « non » français au référendum sur le TCE, Alain Lipietz se distingue par le combat sans fin et plein de rancoeur qu’il mène contre les responsables de gauche qui avaient appelé à refuser ce texte. Dans chacune de ses tribunes, il cherche à prouver qu’il avait bien lu le texte incriminé (tous les responsables de gauche ayant appelé à voter « oui » ne peuvent sûrement pas en dire autant !) et que l’Europe, la France, l’écologie, les travailleurs, etc., avaient tout à gagner à l’accepter. Le problème, c’est que, bien souvent, trop souvent, il prend ses désirs pour des réalités ! Parce qu’il n’a pas bien compris ou pour conforter son plaidoyer ? Libre à vous d’en juger ! En tout cas, il serait politiquement néfaste de laisser sans réponse son analyse comparative du nouveau traité européen et du TCE paru dans le n° 960 de Politis . Pour Alain Lipietz, ce que la gauche va perdre, ce sont avant tout les services publics. Rappelons, pour commencer, que le terme « service public » avait déjà cessé d’exister dans le TCE, remplacé qu’il était par l’expression « services d’intérêt économique général » ! Passons ! Pour Alain Lipietz, ce qui est grave, c’est la suppression des acquis de l’article 122 : « Les services publics marchands (Sieg) devaient se voir garantir les conditions notamment financières d’accomplir leur mission » , nous dit-il. Garantir ? Mais où donc Alain Lipietz est-il allé chercher ce mot, alors que le texte de l’article 122 dit : « L’Union et les États membres […] veillent à ce que ces services fonctionnent sur la base de principes et dans des conditions, notamment économiques et financières, qui leur permettent d’accomplir leur mission » ? Un peu plus loin dans son analyse, cette garantie devient même une obligation ! Le nouveau traité parlant de « liberté » de financer ces services publics, il paraîtrait, selon lui, qu’on y perdrait beaucoup !

Par ailleurs, Alain Lipietz oublie de rappeler que, dans le TCE, ce fameux article 122, qui, d’après lui, permettait de sauver les services publics, commençait par « Sans préjudice des articles I-5, III-166, III-167 et III-238… » , petit rappel très intéressant ramenant d’entrée de jeu les services d’intérêt économique général dans le champ des règles de la concurrence, avec tout ce que cela comporte comme entrave à de véritables services publics.

Jean-Jacques Corrio, Les Pennes-Mirabeau (Bouches-du-Rhône)

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