Education : la Guyane se mobilise

En Guyane aussi, les professeurs du primaire, du secondaire et les élèves protestent contre la réforme Darcos. Ils réclament le maintien du nombre de poste d’enseignants mais aussi la prise en compte des spécificités locales. « Dado », professeur des écoles dans le département, raconte la mobilisation pour Politis.fr.

Politis.fr  • 4 juin 2008 abonné·es

« Touche pas à mon prof » , scande un collégien. Le mouvement de contestation a commencé le 28 février dans l’Ouest guyanais. Ce jour-là, nous étions dans la rue pour refuser les dotations de poste. L’Ouest guyanais connaît une démographie inégalée en France, mais l’Education nationale ne se donne pas les moyens d’y faire face. Dans cette région, nous manquons cruellement de moyens et cette année encore, le ministère refuse de faire une dotation de poste à la hauteur des besoins. De plus, on nous annonçait la fermeture de classes spécialisées pour les élèves non francophones ou en difficulté. En effet, ici, 80 % des élèves n’ont pas le français comme langue maternelle. Finalement, à la suite de cette mobilisation, nous avons réussi à maintenir certaines de ces classes ouvertes. Comme quoi, la mobilisation peut payer.

Les syndicats de Guyane organisés en intersyndicale ont appelé de nouveau à la grève le 15 mai. En effet, nous subissons de plein fouet la politique de restriction des dépenses publiques. Pour la rentrée 2008, nous estimons que la dotation ne pourra combler le retard ainsi que les besoins énormes de l’académie. Les actions ont alors commencé. A la suite des premières manifestations dans l’ouest Guyanais, c’est le rectorat de Cayenne qui est occupé par un collectif de l’Ouest : enseignants du secondaire d’Apatou et de Saint Laurent du Maroni. Dès lors, nous enchaînons manifestations et informations des parents d’élèves et de la population guyanaise.

Illustration - Education : la Guyane se mobilise

Mais le nouveau recteur pratique la politique de l’autruche, refuse la négociation et applique, les yeux fermés, les directives ministérielles. Naturellement, les responsables politiques de Guyane, certains maires ainsi qu’une partie du personnel du rectorat annoncent leurs soutiens au mouvement. Parmi ceux-ci, on peut citer Antoine Karam (président de la région Guyane), Alain Tien Liong (président du Conseil général), Chantal Berthelot et Christiane Taubira (députés de Guyane). Le Recteur se retrouve donc exclu des négociations. Désormais, c’est le président du Conseil général, Tien Liong, qui se propose d’être médiateur entre le mouvement et le ministre Xavier Darcos.

Du côté des grévistes, le rectorat de Cayenne est occupé par un petit groupe de 40 personnes depuis 12 jours. C’est le centre névralgique du mouvement : débat, actions culturelles et animations diverses y foisonnent chaque jours. Parents d’élève, élèves, enseignants passent tous les jours apporter leur soutien au mouvement. Depuis quelques jours, il en est de même pour l’antenne du rectorat de l’Ouest guyanais : occupation, campement, débats, propositions d’actions, etc. Il y a déjà eu une journée d’action devant l’antenne du rectorat, des jeux étaient proposés aux enfants, de la percussion ainsi qu’un concert de soutien qui a permit d’informer massivement les parents d’élèves autour d’activités ludiques.

Au jour d’aujourd’hui, une lettre à été donnée en main propre par la députée Taubira au ministre, afin de l’informer des problèmes spécifiques du département ainsi que de nos revendications : prise en compte de la spécificité du département, ajustement du nombre de professeurs au nombre d’élèves, moyens supérieurs à la moyenne nationale nécessaires compte tenu des spécificités et maintien des BEP. Nous attendons donc avec impatience la réponse du ministre. En attendant, nous restons mobilisés pour contrer la casse progressive du système publique d’éducation.

Tchembe red pa moli [^2]

[^2]: Tiens bon, ne faiblis pas (Créole Guyanais)

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