Bombe iranienne

Politis  • 9 octobre 2008 abonné·es

L’essai de Patrick Anidjar présente un intérêt documentaire certain. Il retrace l’histoire de la « bombe » iranienne depuis ses vraies origines : 1957 et la coopération nucléaire américaine avec le régime du shah. Il revient sur l’accélération du processus au cours des dernières années. Journaliste de l’AFP en poste à Jérusalem, Anidjar est surtout disert sur les moyens dont dispose Israël pour interrompre militairement la marche de l’Iran vers la bombe. L’étalage des moyens, en particulier les satellites d’observation, est évidemment impressionnant. Malgré cela, le journaliste témoigne aussi du scepticisme de ses interlocuteurs des services israéliens sur leur capacité à faire plus que de retarder l’entrée de l’Iran dans le club des pays disposant de la bombe. De deux à cinq ans, disent-ils. Sur le fond politique, l’auteur est marqué par le point de vue américano-israélien, qui est aussi devenu celui de la France de Sarkozy : l’Iran est le diable, et d’une façon ou d’une autre il faut l’empêcher d’acquérir l’arme absolue que l’antisémite Ahmadinejad s’empresserait d’utiliser contre Israël. Mais, malgré une vision politique limitée, le livre de Patrick Anidjar fournit des informations qui peuvent nourrir une autre réflexion. L’un des chapitres les plus éclairants revient sur l’origine des « relations tumultueuses » entre Israël et le peuple iranien, lorsque l’État hébreu apportait son soutien technique et logistique au régime du shah dans la création de la Savak, la terrible police politique. À l’époque, on parlait volontiers d’amitié entre les deux États…

Idées
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