Une télé idéale

Le Festival international des programmes audiovisuels ouvre ses portes à Biarritz.

Jean-Claude Renard  • 15 janvier 2009 abonné·es

Nouvelle édition. Le Festival international des programmes audiovisuels (Fipa) poursuit sa route sur les chemins d’une télévision qui serait différente. Créé en 1987 par Michel Mitrani, présidé par Caroline Huppert, le festival est perçu comme un observatoire annuel de la production nationale et internationale. Il est aussi le plus important festival de télévision au monde, avec une trentaine de pays représentés. Cette année, sont proposés plus de cent soixante-dix programmes (dont soixante-deux en compétition), répartis dans six sélections compétitives : fictions, séries et feuilletons, documentaires de création et essais, grands reportages et faits de société, musiques et spectacles, programmes courts. S’y ajoutent rencontres et débats, avec une foule de réalisateurs, d’auteurs, de producteurs, de responsables de chaînes.

Si les professionnels des médias viennent ici pour faire leur marché, d’acquisitions en prospections, l’intérêt du festival est aussi d’être ouvert au public. D’une salle à l’autre, d’un lieu à l’autre du centre-ville de Biarritz. Le Bellevue, le Casino municipal, la Gare du Midi, le Cinéma Le Royal et le Colisée se partagent les programmes. Parmi les films, sont attendus la Dernière des rebelles paysannes, de Patrick Prado, l’Europe des camps, 70 après la Retirada, de Mylène Sauloy, ou encore une fiction de Lara Quaglia sur Antonie Artaud. Mais aussi deux autres documentaires qui inaugurent la collection « À contre-temps », du collectif de producteurs Galactica. Le premier, de Christine Seghezzi, sur Stéphane Hessel (né en 1917), diplomate et ancien résistant. Le second, Henri Alleg, l’homme de “la Question” , de notre ami Christophe Kantcheff, est précisément consacré à l’auteur du livre, journaliste, Harry Salem de son vrai nom, installé à Alger en 1940, membre du parti communiste algérien, arrêté, torturé, incarcéré. Le film retrace son itinéraire, son expérience et son œuvre, publiée au cours de la guerre d’Algérie, en 1958, par Jérôme Lindon chez Minuit, et rapidement interdite en France.
En un mélange subtil d’entretiens, de débats filmés et de scènes fictionnées trempées d’une lumière caravagesque, dans lesquelles Carlo Brandt cite des extraits de la Question , c’est là une évocation âpre de la torture en Algérie, livrée à la première personne, et dont l’intime a valeur d’universel pour qui a fait de la dénonciation des sévices orchestrés par les militaires français le combat d’une vie [[Le film est programmé le 22 janvier, à 16 heures, au Bellevue, en présence du réalisateur.
Festival international des programmes audiovisuels, du 20 au 25 janvier, Biarritz.
Accès permanent au festival, dans toutes les salles de projection : 20 euros par personne, 25 euros pour deux personnes. Tarif pour une seule séance : 5 euros, 3 euros pour les étudiants et les chômeurs. Pour tout renseignement : 05 59 22 65 23.]].

Pour les spectateurs comme pour les professionnels, l’intérêt du Fipa, véritable vitrine de la production en cours, est le même : c’est l’occasion d’imaginer une télévision plus ou moins idéale qui donnerait à voir et à penser que le petit écran peut encore nous étonner, puisque la plupart des ­œuvres projetées cherchent là des acquéreurs. À un moment crucial, deux semaines après la mise en place de la réforme de l’audiovisuel public, quand précisément France Télévisions s’interroge sur son avenir, la pérennité de ses finances, ses programmes.
C’est dans ce contexte délicat qu’est organisé le vendredi 23 janvier, au Bellevue, un débat entre des auteurs de la SACD et de la Scam et, notamment, Patrice Duhamel, directeur général de France Télévisions, et Jean-Pierre Guérin, président de ­l’Union syndicale de la production audiovisuelle.

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