Rififi à RFI et l’AFP

Jean-Claude Renard  • 12 mars 2009 abonné·es

Le programme est à l’expectative à Radio France internationale (RFI), dont la direction a prévu un plan social début janvier, avec plus de deux cents suppressions de postes sur plus d’un millier de salariés (dont 465 journalistes). Le plan prévoit également la fin d’émissions en langue allemande, albanaise, polonaise, serbo-croate, turque et laotienne. Rappelons tout de même que RFI, en 2007, pesait 46 millions d’auditeurs. « Nous tentons de travailler normalement face à une direction qui veut passer en force », a déclaré Élisa Drago, déléguée SNJ-CGT au comité d’entreprise. Les syndicats (FO, SNJ, CGT) ont assigné en référé la direction au tribunal de grande instance de Paris pour des irrégularités dans les procédures de présentation du plan social.

Le climat n’est guère meilleur à l’AFP. Après avoir été reconduit dans ses fonctions de président de l’agence, Pierre Louette vient d’annoncer des mesures d’économies indispensables à l’équilibre de la société. Soit un certain nombre de départs, sur la base (sempiternelle) du volontariat, concernant toutes les catégories professionnelles, le gel des salaires, la réduction des piges et des frais de mission.

Raison invoquée parmi d’autres, comme les bouleversements technologiques : les relations commerciales dégradées avec la presse quotidienne régionale (PQR), représentant tout de même la bagatelle de 17 millions d’euros par an d’abonnements. Le syndicat SUD a d’ores et déjà répliqué : « Ces annonces ne sont ni le résultat direct de la crise économique, ni celui de la révolution technologique multimédia mais la conséquence de décisions politiques prises par le gouvernement. »

En attendant, se profile aussi la réforme de statut de l’AFP, société de droit commercial, sans actionnaires, disposant de fonds propres, administrée par son personnel, des représentants de la presse et de l’État. Une réforme qui verrait l’AFP en société anonyme (sous prétexte de développer sa migration vers le numérique), permettant une participation des salariés au capital de l’entreprise mais aussi l’arrivée d’actionnaires totalement extérieurs. Comme Martin Bouygues ou Vincent Bolloré. Parce qu’ensemble, tout devient possible. La preuve : saisi il y a un mois par les sénateurs socialistes, le Conseil constitutionnel a validé une bonne fois pour toutes l’essentiel de la loi sur l’audiovisuel public. Légère modification : le droit de veto des commissions parlementaires pour la révocation des présidents (France Télévisions et Radio France) est annulé, leur avis étant simplement consultatif. La cerise sur le gâteau pour Sarkozy.

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